— Bhavesh Rathod India / Shutterstock.com

Généralement, les fourmis sont si petites qu’on ne leur accorde que très peu d’attention. Pourtant, elles peuvent nous donner d’importantes leçons de science, comme nous le rapporte Smithsonian Magazine. En effet, il faut savoir que dans la plupart des espèces de fourmis, la colonie n’a qu’une seule reine qui est déterminée au moment de sa naissance.
Néanmoins, chez les fourmis sauteuses indiennes, des ouvrières stériles peuvent accéder à ce statut royal. Fait plus intrigant, ces fourmis ouvrières perdent une partie de leur cerveau au moment d’accéder à leur nouveau statut mais la retrouvent si elles reviennent à leur ancien statut.

Un cerveau qui rétrécit et s’agrandit en fonction du rôle de la fourmi

Les fourmis sauteuses indiennes portent le nom scientifique de « Harpegnathos saltator ». Chez ces fourmis, si la reine meurt prématurément, les fourmis ouvrières ont une chance d’accéder au trône en se livrant une bataille féroce avec leurs rivales jusqu’à 40 jours, en attaquant et se défendant avec leurs antennes. Au terme de ce laps de temps, les combattantes les plus fortes se font pousser d’énormes ovaires qui leur permettent de pondre des œufs. Toutefois, leur masse cérébrale diminue également d’un cinquième lorsqu’elles deviennent des pseudos-reines.

Justement, des chercheurs ont voulu observer ce phénomène sur le terrain et ont ainsi pris un groupe de 60 pseudos-reines de 30 colonies qu’ils ont différenciées avec des couleurs. Les chercheurs ont mis 30 pseudos-reines, également appelées gamergates, en isolement pendant que les 30 autres gamergates sont restées avec leurs sujets.

Après quelques jours, les chercheurs ont remarqué que les gamergates isolées avaient cessé de pondre des œufs et après quelques semaines, elles se sont mises à retrouver leur comportement d’ouvrières. Au bout de six à huit semaines, les chercheurs ont disséqué ces pseudo-reines déchues et ont constaté que leurs ovaires avaient retrouvé une taille normale et que leur cerveau avait également repoussé pour retrouver leur ancienne taille.

© L. Shyamal / Wikimedia Commons

Les fourmis ouvrières ont un cerveau plus grand que les reines

D’après Emilie Snell-Rood, biologiste évolutionniste à l’université du Minnesota qui n’a pas participé à l’étude, « de nombreux insectes sociaux montrent des changements dans ces régions du cerveau lors de la transition entre les phases de leur vie de travailleur, ou passent du comportement de recherche de nourriture au comportement de reine. Mais déplacer l’investissement neuronal une fois, puis revenir plus tard, est une tout autre chose. »

Quant à savoir pourquoi il existe une telle différence de taille entre le cerveau d’une reine et d’une ouvrière, Clint Penik, biologiste à Kennesaw State et auteur principal de l’étude, a expliqué que les fourmis ouvrières ont besoin d’un grand cerveau pour faire face à leurs tâches cognitives comme trouver de la nourriture et défendre le nid. A contrario, « les gamergates n’ont pas besoin de penser autant. Une fois qu’elles ont remporté le tournoi, elles ne deviennent guère plus que des machines à pondre. »

En tout cas, le chercheur estime que cette découverte pourrait élargir nos perspectives sur des capacités insoupçonnées de notre propre cerveau.

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