L’étude de fossiles marocains a offert un aperçu sans précédent de l’anatomie de trilobites cambriens, ensevelis il y a plus de 500 millions d’années par une éruption volcanique semblable à celle ayant recouvert Pompéi.
La formation de Tatelt
Les trilobites étaient de petits arthropodes qui peuplaient les mers du globe il y a entre 520 et 252 millions d’années. À ce jour, plus de 22 000 espèces ont été décrites, quasi exclusivement à partir d’exosquelettes fossilisés (lorsque des organes et tissus mous étaient présents, ils étaient systématiquement écrasés et endommagés).
Lorsque John Paterson, de l’université de Nouvelle-Angleterre, et ses collègues ont examiné les fossiles provenant de la formation de Tatelt, au sud-ouest de Marrakech, ils ont rapidement compris qu’il s’agissait de spécimens exceptionnels.
« Je n’avais jamais observé un tel niveau de préservation », explique le chercheur australien et auteur principal de l’étude les décrivant, publiée dans la revue Science. « Il s’agit incontestablement des fossiles de trilobites les mieux conservés jamais découverts. »
À l’instar des habitants et des bâtiments de la ville antique de Pompéi, ces minuscules créatures ont été ensevelies par une coulée de cendres pyroclastiques, s’étant dans ce cas produite il y a environ 509 millions d’années. L’utilisation de technologies d’imagerie de pointe a permis la création de modèles 3D ultra-détaillés, offrant un aperçu sans précédent de l’anatomie de ces anciens arthropodes.
Des moulages exquis
Il s’est notamment avéré que l’un des spécimens, mesurant à peine un centimètre de long, avait ingéré une grande quantité de cendres, ayant permis le moulage exquis de son appareil digestif. Si son étude a révélé la présence de glandes digestives adjacentes, les chercheurs ont également été surpris de découvrir de minuscules brachiopodes attachés aux trilobites, suggérant une relation symbiotique jusqu’alors insoupçonnée.
L’équipe s’est également penchée sur leurs pattes, concluant que les épines noueuses sur leur face interne leur auraient permis de déchiqueter leurs proies. Ces dernières étaient ensuite portées à leur bouche, couverte par une structure charnue appelée labrum (documentée pour la première fois chez ces créatures) et encadrée par quatre paires d’appendices.
Sur les quatre arthropodes étudiés, deux appartenaient au genre Protolenus, et les deux autres à l’espèce Gigoutella mauretanica.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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