
Dans le désert occidental égyptien, des fouilles paléontologiques ont révélé les restes du plus ancien crocodile marin connu, bouleversant l’histoire évolutive de ces redoutables prédateurs.
Wadisuchus kassabi
Vieux de 80 millions d’années, les témoignages de cette nouvelle espèce préhistorique, baptisée Wadisuchus kassabi, ont été exhumés de schistes proches de l’oasis de Kharga. Il s’agissait d’un dyrosauridé, famille fossile de crocodyliformes ayant survécu à l’extinction du Crétacé, il y a 66 millions d’années, et progressivement colonisé les côtes de la planète.
Proches parents des crocodiles modernes, ces anciens reptiles occupant des environnements marins et estuariens étaient dotés de longues mâchoires hérissées de dents acérées, parfaitement adaptées à la saisie de proies glissantes (poissons, tortues…).
Aujourd’hui principalement observé en Asie du Sud-Est et en Océanie, le crocodile marin (Crocodylus porosus) est la plus grande espèce moderne de crocodilien, avec des mâles pouvant dépasser six mètres de long et peser plus d’une tonne.
L’examen des restes de W. kassabi, comprenant des crânes partiels et des segments de museau attribués à quatre individus à différents stades de croissance, suggère qu’il mesurait entre 3,5 et 4 mètres de long à l’âge adulte. Parmi les principales caractéristiques anatomiques le distinguant de ses contemporains : quatre dents plutôt que cinq à l’extrémité des mâchoires, et des narines positionnées sur le dessus du museau, facilitant sa respiration lorsqu’il était immergé.

Un éclairage précieux
Offrant un aperçu rare du développement des dyrosauridés, ces découvertes indiquent une apparition de museaux allongés tôt dans leur histoire évolutive et une adaptation progressive de la morsure. Elles suggèrent également une dispersion du clade vers l’Amérique du Sud nettement plus précoce que prévu.
« Ils auraient commencé à se diversifier au début du Coniacien-Santonien [il y a 87 à 83 millions d’années] plutôt qu’au Maastrichtien [il y a entre 72 et 66 millions d’années] », écrivent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans le Zoological Journal of the Linnean Society.
Selon l’équipe, W. kassabi souligne une nouvelle fois l’importance paléontologique du désert occidental égyptien, et la nécessité de protéger ses principaux sites fossilifères.
En septembre, des chercheurs avaient décrit un ancien crocodilien « hypercarnivore », qui aurait mangé du dinosaure au petit déjeuner.
Par Yann Contegat, le
Source: Connect Sci
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