Qu’il est loin le temps où les femmes étaient le sexe faible ! Une étude historique et scientifique parue en janvier 2018 vient démonter la soi-disant fragilité féminine à grands renforts de données démographiques. Et les conclusions des chercheurs sont sans appel : les femmes vivent plus longtemps et sont plus à même de survivre aux famines et aux épidémies que les hommes.

 

Une espérance de vie nettement supérieure

En France, l’espérance de vie moyenne pour un homme est de 83 ans contre 87 ans pour les femmes. Une inégalité d’autant plus perceptible lorsque l’on se concentre sur les super-centenaires : sur 40 doyens, 39 sont des femmes ! Un mystère pour les nombreux chercheurs qui se sont penchés sur la question.

Plusieurs hypothèses ont fait état de facteurs sociologiques, environnementaux ou biologiques. Ces derniers seraient les plus susceptibles d’expliquer la plus longue espérance de vie des femmes : leur système immunitaire serait plus résistant que celui des hommes. Une partie de la communauté scientifique avance l’hypothèse d’un avantage niché au coeur des chromosomes, quand une autre penche pour la façon dont les gènes s’activent. Les gènes propres aux femmes le feraient d’une manière sensiblement différente que ceux des hommes. Faute de réponse satisfaisante, le débat reste ouvert.

 

Le sexe faible n’est pas celui qu’on croit…

Une étude scientifique, menée par Virginia Zarulli et son équipe de chercheurs rattachés à l’université américaine de Duke, aborde cet avantage féminin sous un angle totalement inédit : les situations périlleuses. Ils se sont donc penchés sur sept catastrophes historiques parmi lesquelles on compte trois famines survenues en Ukraine, en Irlande et en Suède; trois épidémies ayant frappé le Liberia (1820-1843) et l’Islande (1846 et 1882); et le dernier cas concerne les esclaves de l’île de la Trinité.

« Trouver que hommes et femmes ont des espérances de vie similaires dans de telles conditions remettrait en question la notion que l’avantage des femmes en matière de survie est fondamentalement déterminé par la biologie dans tous les environnements. »

 

Virginia Zarulli et

son équipe de recherche

Une étude qui révèle au grand jour la supériorité féminine : « Même si les crises ont réduit l’avantage de survie féminin en matière d’espérance de vie, les femmes ont tout de même mieux survécu que les hommes », écrivent les chercheurs. Le cas des esclaves de l’île de la Trinité reste toutefois l’exception qui confirme la règle, puisque la mortalité féminine y était supérieure à la mortalité masculine. Une incongruité qui découlerait directement des esclavagistes ; ils valorisaient davantage les jeunes hommes, capables d’exécuter d’énormes charges de travail, que les femmes.

 

Un début de réponse ?

Virginia Zarulli et son équipe de recherche ont découvert que les femmes survivaient mieux aux épidémies et aux famines que leurs homologues masculins : elles gagnaient entre 6 mois et 4 ans d’espérance de vie en plus. Une prédisposition qui ne serait pas liée à l’âge selon eux, qui précisent que « les filles nouvelles-nées sont plus résistantes que les garçons. » Pour illustrer leurs propos, les auteurs de l’étude s’appuient sur les données démographiques relatives à la famine ukrainienne de 1933 : les filles nées à cette période ont en moyenne vécu 3,5 ans de plus que les garçons.

« L’avantage féminin en temps de crise serait largement dû à des facteurs biologiques […] Les œstrogènes, par exemple, ont montré qu’elles amélioraient les défenses immunitaires du corps contre les maladies infectieuses. »

 

Virginia Zarulli et

son équipe de recherche

Les conclusions de l’étude pencheraient donc en faveur des facteurs biologiques, rappelant que « dans des conditions très dures, les femmes survivent mieux que les hommes même chez les enfants en bas âge, lorsque les différences comportementales et sociales sont minimales ou favorisent les mâles ». Des résultats à manipuler avec précaution : l’avantage biologique propre à la gent féminine varie « en fonction des environnements, et est modulé par des facteurs sociaux ». Cette étude tend à démontrer, une bonne fois pour toutes que les femmes ne sont pas de petits êtres fragiles mais d’authentiques combattantes, capables d’affronter les pires calamités bien mieux que les hommes !

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