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Ces femmes candidatent à des fonctions qui leur sont interdites au sein de l’Église catholique

Elles souhaitent ainsi bousculer les dogmes de cette institution

― Aleksandr Butsenin / Shutterstock.com

C’est un coup de tonnerre supplémentaire au sein de l’Église catholique : sept femmes candidatent à des postes qui sont ordinairement réservés aux hommes. Dans les pas d’Anne Soupa qui, en avril dernier, candidatait au poste d’archevêque de Lyon en remplacement du cardinal Barbarin, ces femmes, qui savent qu’elles n’ont aucune chance d’être entendues par l’Église, entendent ainsi dépoussiérer cette institution qui peine à évoluer.

Des profils extrêmement variés

Les profils des 7 candidates sont extrêmement variés. Laurence de Bourbon-Parme, Claire Conan-Vrinat, Sylvaine Landrivon, Hélène Pichon, Marie-Automne Thépot, Christina Moreira et Loane Rocher ont présenté leurs professions de foi au nonce apostolique à Paris, équivalent de l’ambassadeur du Vatican en France. Elles souhaitent être prédicatrice laïque, diacres, évêque, nonce, curé. Suite à la candidature d’Anne Soupa au poste d’archevêque de Lyon, elles souhaitent faire bouger les dogmes de l’Église.

Laïques, mariées, mères, parfois divorcées, elles ne correspondent pas aux critères de l’Église pour accomplir ce type de fonctions. Via ces candidatures, lancées par le collectif Toutes Apôtres !, elles espèrent faire passer un message fort au monde clérical. Parmi elles, Loan Rocher, née homme et devenue femme il y a 12 ans, souhaite une meilleure intégration des croyants LGBTI+ au sein de l’Église. Elle écrit dans sa profession de foi au nonce apostolique : « Il est temps de donner la parité aux femmes dans la gouvernance de l’Église, de donner la parole aux femmes et non de n’accepter d’elles qu’un service de petites mains serviles. » Christine Moreira, elle, est déjà prêtresse ARCWP (Association des femmes prêtres catholiques romaines) depuis 2015, et souhaite à présent être curé. Son désir est d’« animer ou bâtir des communautés d’Église horizontales et non hiérarchiques, où les services et ministères sont assurés par des personnes élues par l’ensemble des membres ».

Une invisibilisation des femmes qui n’a aucun fondement réel

Ces femmes militent déjà depuis de nombreuses années pour faire entendre « cette moitié de l’humanité réduite au silence ». « L’absence des femmes en situation de responsabilité – que ce soit à la gouvernance de nos paroisses, de nos diocèses, au Vatican ou comme ministres ordonnées – constitue un scandale autant qu’un contre-témoignage de l’Église », poursuivent-elles. Tout comme Anne Soupa quelques mois plus tôt, elles savent pertinemment que leurs candidatures n’ont aucune chance d’aboutir, ni même qu’elles puissent recevoir de réponse officielle des autorités de l’Église. Toutefois, elles souhaitent faire parler d’elles, afin de réveiller les consciences. C’est désormais chose faite. Anne Soupa avait, en 2008, avec la journaliste Christine Pedotti, fondé le Comité de la jupe, qui lutte pour une plus grande visibilité des femmes au sein de l’Église catholique.

Les fonctions auxquelles elles aspirent sont réservées aux hommes. Mais selon Christine Pedotti, interrogée au micro d’Europe 1, cette règle repose uniquement sur l’« habitude ». Elle poursuit : « Aux origines de la première communauté chrétienne, les femmes ont tenu des rôles très importants : chef de communauté, diacres, et même apôtres. » Le titre officiel de Marie-Madeleine est « apôtre des apôtres ». Ce n’est donc pas un hasard si ces femmes ont choisi de postuler un 22 juillet, jour de la Sainte Marie-Madeleine, selon elles injustement oubliée par l’Église, qui a même tenté d’en faire une prostituée, alors que « les textes de l’Évangile ne le disent jamais », selon Mme Pedotti.

Ces candidatures ont reçu un accueil très froid de la Conférence des Évêques de France, qui rappelle que « dans l’Église, on ne postule pas, on est appelé ». Pour eux, ces femmes « ne sont pas représentatives des femmes engagées au service de l’Église qui sont des milliers à être heureuses et épanouies dans leur mission. » Ils ajoutent que ce genre d’initiative peut « cliver » et « nier la spécificité des femmes », et créer une confusion entre les rôles masculins et féminins en insistant sur le fait que chaque sexe a « ses qualités à mettre au service de l’Église ». Le pape François avait lui-même affirmé que « c’est une vraie question que nous prenons au sérieux mais en respectant le fonctionnement de l’Église« . Même si ces candidatures n’ont aucune chance d’aboutir dans l’ordre actuel de l’Église catholique romaine, il n’en reste pas moins qu’elles lui permettent de se remettre en question et d’apporter un vent de fraîcheur sur une institution qui peine à recruter. Selon le prêtre Daniel Duigou, ces candidatures sont le seul moyen pour pousser l’Église à se dépoussiérer. Il reconnaît que les résistances à ce vent de modernité sont virulentes, et pourraient, probablement, « aboutir à un schisme ». Reste à savoir si cette scission sera nécessaire, ou si l’Église va d’elle-même se réformer.

Par Marine Guichard, le

Source: Le Monde

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  • L’Église catholique la plus macho du monde! Avec le culte de la Vierge Marie, on atteint des sommets de la bêtise de l’Homme. Car il est bien entendu que de faire l’amour est un péché mortel ! Il faut donc sacraliser la seule femme ayant enfanté sans rapport sexuel, même avec son mari !

  • « Christine Moreira, elle, est déjà prêtresse ARCWP (Association des femmes prêtres catholiques romaines) depuis 2015, et souhaite à présent être curé. »
    Non, elle n’est pas femme prêtre, pour un Catholique, elle n’est rien sinon une simple fidèle puisqu’elle n’a pas été ordonnée par un évêque catholique. D’ailleurs, aux yeux du plus grand nombre de Catholiques, elle est même excommuniée mais cela, il ne faut pas le lui dire, vous lui feriez de la peine.
    Elle est peut-être prêtresse de l’église qui s’est donné le nom de ARCWP mais comme cette association n’est rien pour l’Eglise, elle même n’est rien.
    Si cela leur chante, à ces dames, à partir de leur association de créer une nouvelle église protestante qui, au lieu d’avoir des pasteurs hommes et femmes, auraient des prêtres et des prêtresses, pourquoi pas, en quoi cela peut nous déranger.
    Quant à nous obliger à la reconnaître comme prêtresse, elle ne le peut pas ; cela ne dépend pas d’elle mais de nous et nous lui répondons « nous ne pouvons pas ». Si elle est catholique, elle comprendra ce que cela signifie.
    A force, ces dames obtiendront peut-être l’adhésion de certains « catholiques » déjà fortement protestantisés. Mais il restera toujours un noyau de Catholiques qui refuseront. Alors s’opérera une scission entre ceux qui resteront catholiques et ceux qui seront de nouveaux Protestants.