Durant plus d’un demi-siècle, la contribution de ces 350 femmes à la reconstruction du pont de Waterloo, n’ayant jamais été mentionnée sur aucun document officiel, n’était rien de plus qu’une rumeur colportée par les conducteurs de bateaux fluviaux naviguant sur la Tamise. Il a fallu attendre 70 ans pour qu’une historienne confirme le travail acharné de ces femmes en mettant la main sur des photographies d’époque.
350 femmes injustement oubliées de l’Histoire
Lors de la cérémonie d’inauguration du nouveau pont de Waterloo le 10 décembre 1945, le vice-premier ministre Herbert Morrison avait déclaré que les hommes qui avaient participé à sa reconstruction avaient eu « beaucoup de chance ». Il a fallu attendre 2007 pour que la cinéaste Karen Livesey et l’historienne Christine Wall mettent en lumière la contribution essentielle des femmes à la construction de l’édifice dans un documentaire intitulé « The Ladies Bridge », qui donnait la parole à ces travailleuses oubliées. L’une d’entre elles déclarant notamment : « Ils embauchaient à tour de bras et nous occupions de nombreux postes sur ce chantier ».
Bien que de nombreux documents historiques témoignent du travail des femmes dans des usines de munitions durant la guerre, il n’existait jusqu’à récemment que peu de témoignages officiels de leur contribution sur les chantiers. Wall, qui avait finalement réussi à mettre la main sur des photographies d’époque le démontrant, estimait que près de 25 000 d’entre elles (qui étaient par ailleurs bien moins payées que leurs homologues masculins) avaient travaillé dans le secteur du bâtiment en 1944, mais rien ne permettait d’affirmer qu’elles avaient effectivement participé à la reconstruction du pont de Waterloo.
La reconstruction du pont était un projet crucial pour la ville de Londres
Le premier pont de Waterloo avait été inauguré en 1817, mais le conseil de la ville de Londres s’était plus tard rendu compte qu’il présentait des problèmes structurels et avait ordonné son démantèlement en 1934, afin qu’il puisse être entièrement reconstruit. Si près de 500 hommes travaillaient sur le pont lorsque la guerre éclatait en 1939, ils n’étaient plus que 50 deux ans plus tard, ce qui obligea la compagnie Peter Lind à recruter environ 350 femmes pour poursuivre sa construction. Mais, l’entreprise ayant été liquidée dans les années 1980, Wall avait été dans l’incapacité de mettre la main sur leurs contrats de travail, qui auraient constitué des preuves irréfutables de leur contribution.
Tout change finalement en 2015, lorsque l’historienne parvient enfin à mettre la main sur les preuves qu’elle espérait en parcourant les archives en ligne du Musée du film et de la télévision de Bradford. Celles-ci se résument à une série de clichés pris en 1944 par un photographe travaillant pour le compte du Daily Herald, qui montraient notamment des soudeuses au travail sur le pont de Waterloo. Grâce à la découverte de Christine Wall, la contribution de ces centaines de femmes pu enfin être confirmée et officialisée, plus de 70 ans après l’inauguration de l’édifice !
Par Yann Contegat, le
Source: Atlas Obscura
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