Les développeurs de jeux vidéo en sont les premiers amateurs. Pas étonnant alors que deux jeunes créateurs amoureux de RPG aient choisi de rendre hommage à leurs jeux préférés avec Evoland. Une lettre d’amour destinée à toute la communauté, retraçant les grandes évolutions apportées par Zelda, Final Fantasy ou encore Diablo. De nombreuses références se cachent dans ce qui ne devait être qu’un exercice et qui fera finalement couler beaucoup d’encre en avril 2013.
48h pour créer un jeu ayant pour thème l’évolution, voici le défi proposé en 2012 par la Ludum Dare lors de sa 24e édition. Deux développeurs bordelais, Nicolas Cannasse et Sebastien Vidal, formant le studio indépendant Shiro Games, vont y participer et développer Evoland. L’idée est simple, créer un jeu de rôle retraçant l’évolution des RPG à travers le souvenir des grands titres de ce genre, et cette idée sera la bonne.
Vous commencez votre aventure dans un univers franchement pixélisé, fait de nuances de gris, avec des tableaux défilants comme dans les premiers Zelda. Votre avatar, Clink, ne fait que quelques pixels de haut, les arbres sont grossièrement illustrés et le sol est parsemé de cases plus sombres représentant l’herbe d’une prairie. Un premier coffre s’ouvre et vous voilà accompagné de sons pour suivre vos déplacements et actions simples. Juste quelques bits.
Voilà un deuxième coffre, qui centre la caméra sur votre personnage. Il ne se déplace plus à l’intérieur des scènes successives mais fait défiler l’écran. Ça y est, vous comprenez le principe du jeu. S’ensuit alors une quête qui vous fera découvrir les différentes évolutions apportées aux RPG à travers les époques. De petites révolutions qui, mises bout à bout, ont fait la richesse de la sphère vidéoludique telle qu’on la connaît aujourd’hui.
Une épée pour détruire les quelques herbes, puis viennent les monstres. La tension monte. Musiques, points de sauvegarde, couleurs, textures, interface avec points de vie et énergie, monnaie, histoire, tout s’enchaine très vite et la qualité s’affine de coffre en coffre. Rapidement, le jeu passe en 3 dimensions, l’inventaire s’agrandit, les boss acquièrent des scripts complexes et l’on s’amuse à voyager du présent au passé pour profiter des forces et faiblesses de chaque époque.
Les quelques heures de plaisir que propose Evoland sont entrelacées de gameplays différents et d’humour au goût d’autodérision soulignant les petites frustrations, manies ou désagréments causés par les mécanismes d’antan. L’accumulation de références est franchement impressionnant et deviner The Legend of Zelda, Diablo et Final Fantasy nous plonge dans les univers qui ont bâti notre culture vidéoludique. Un régal.
Si vous avez une quelconque expérience de gaming, c’est sans aucun doute que cette madeleine de Proust fourrée de nostalgie déclenchera vos papilles à souvenirs. Evoland est un medley du RPG composé à travers le temps, et malheureusement, voilà tout ce qu’est Evoland. Cette succession de vieilles photos ranime votre mémoire, sans jamais créer de nouvelles images. Il manque la magie, l’excitation, l’ivresse des nouveaux horizons.
L’histoire même d’Evoland n’est donc pas le moteur qui nous motive à continuer le jeu, mais bien cet arrière-goût du passé sur lequel il a été bâti. Pour rappel, tout ceci n’était à la base qu’un exercice, une compétition. La volonté des développeurs était clairement de rendre hommage au RPG et leur mission a été brillamment exécutée. Vous pouvez d’ailleurs tester gratuitement Evoland Classic, la version originale du jeu produite en 30h d’efforts lors de la Ludum Dare, sur le site officiel d’Evoland.
Cela reste une franche réussite, financière également, avec 500 000 unités vendues. Sans surprise, Evoland 2, une suite dans le même esprit mais plus aboutie, a été publiée en août 2015. De quoi continuer l’aventure pour en découvrir plus sur l’histoire du jeu vidéo et redécouvrir les classiques du RPG.
Avec ses blagues et ses références cultes à des licences portées par beaucoup dans leur coeur, Evoland est une friandise nostalgique qui agite les papilles de nos souvenirs. Un jeu hommage au style RPG qui retrace l’évolution des jeux vidéo en quelques heures. Pas le temps de s’attacher aux personnages, mais ce sont des années de gaming qui nous sont rappelées !
Par Gabriel Pilet, le
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