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La sombre histoire de l’eugénisme

Découvrez comment l'étude de la génétique a été utilisée à des fins politiques

Le Dr Adam Rutherford a mené des études concernant les liens existants entre la génétique de Mendel et l’eugénisme. D’après lui, ce que l’on a appris sur les lois génétiques de Mendel a plus tard été utilisé à des fins politiques. Il est à rappeler que l’eugénisme est une étude qui concerne tous les moyens favorables à la réalisation ou à la création de races humaines plus améliorées dans le but d’en bannir les mauvaises.

L’eugénisme est très mal vu car il est souvent contré par des arguments moraux. Il s’agit de l’instrumentalisation de l’enfant à naître. En effet, ce dernier est perçu comme un moyen de satisfaire les désirs de la société mais aussi des parents eux-mêmes.

Historique des lois sur la génétique

C’est pendant le XIXe siècle que Johann Gregor a débuté ses études en plantant 28 000 plants de pois qu’il a croisés. Les croisements concernaient les graines hautes avec des graines courtes et ridées avec des fleurs lisses et violettes avec du blanc. La conclusion portée se présente comme suit : tous les pois ont chacun eu un aspect différent en raison de la séparation des caractéristiques visibles. Toutefois, les proportions étaient prévisibles. Il l’a appelé ensuite : « Les règles de l’héritage ». Plus tard, cette règle de l’héritage s’appliquerait aussi pour les gènes, l’ADN et l’évolution. 

En parallèle avec les études de Mendell, en 1866, Darwin menait aussi sa propre enquête. On notera tout de même que leurs théories ont été ignorées jusqu’au début du nouveau siècle, c’est-à-dire pendant le XXe siècle. En mélangeant leurs théories, une nouvelle ère s’offrit à la science : « l’ère moderne de la biologie ».

Des cas isolés découverts dans le monde

Plus tard, les familles luxueuses ont appliqué ces théories dans l’eugénisme. Cette dernière aurait été l’idée du cousin de Darwin, Francis Galton. L’idéologie politique affectait peu à peu toutes les cultures, qui devenaient très exigeantes concernant l’origine des personnes à marier. D’après eux, seulement les personnes de même niveau de vie avaient le droit de procréer. Mendel lui-même n’avait jamais imaginé une telle tournure de situation.

Francis Galton
Francis Galton est considéré comme le fondateur de l’eugénisme

Pour le Royaume-Uni, Churchill voulait adopter la loi concernant la stérilisation involontaire des « indésirables » pour le gouvernement Asquith. Toutefois, Josiah Wedgwood était fortement contre et a refusé jusqu’à la fin de céder. En revanche, les États-Unis ont immédiatement adopté l’eugénisme dès 1907 dans 31 États. Les valeurs totales de la stérilisation ont atteint jusqu’à 80 000 personnes purifiées. Pour le cas de l’Allemagne, l’eugénisme a aussi débuté au XXe siècle pour prendre une grande importance après la prise de pouvoir d’Hitler en 1933. La stérilisation était devenue obligatoire pour les personnes atteintes de certaines maladies (schizophrénie, surdité, cécité, épilepsie, maladie de Huntington). Même si les stérilisations se sont révélées être inutiles, le programme a toujours été soutenu par les eugénistes américains.

Hitler
© Bundesarchiv, Bild / Wikimedia Commons

Les études de Charles Davenport

Charles Davenport était un grand dévoué au créateur de l’eugénisme qui était Galton. En 1910, il a même mené à New York des publicités racistes dans le but de récolter les pedigrees américains. Le pedigree était l’ensemble des ancêtres de la même catégorie qui a donné une population bien définie. Davenport a pensé utiliser ces informations pour définir les héritages désirables et défectueux dans le but de purifier tous les peuples américains en bannissant ceux et celles qui auraient des gènes inférieurs.

Pour lui, il n’était plus question de tolérer les personnes qui avaient tendance à se pencher vers l’alcool, la criminalité et bien d’autres encore. Il affirmait même : « C’est le seul grand espoir de la race humaine ; son sauveur de l’imbécillité, de la pauvreté, de la maladie, de l’immoralité. » Charles Davenport était à l’origine des premières études génétiques de la célèbre maladie de Huntington. Ses recherches ont été basées sur la loi de Mendel, il usait des couleurs de yeux et d’autres caractéristiques de la personne pendant ces études. Toutefois, les résultats n’étaient pas toujours aussi exacts.

L’étude menée par le fameux psychologue Henry Goddard

Henry Goddard était propriétaire d’une clinique avec ses parents se trouvant dans le New Jersey. Il étudiait le cas d’une fille ayant pour pseudo Deborah Kallikak. Les affirmations qu’il disait sur Deborah étaient : « Faiblesse d’esprit de haut niveau, l’imbécile, la délinquante, le genre de fille ou de femme qui remplit nos maisons de correction. » Dans le but d’approfondir ses recherches, il décida ainsi de reproduire le pedigree de Deborah. Il a même créé le livre intitulé The Kallikak Family : A Study in the Heredity of Feeble-Mindedness en 1912.

Deborah Kallikak
Deborah Kallikak

Le livre stipulait que la mère de Deborah était une faible serveuse ayant eu une liaison avec Martin Kallikak. La progéniture légitime de ce dernier, d’après le psychologue, rassemblait tous les critères de ce qu’on pourrait appeler une famille à succès. En revanche, Goddard a déduit que tous les gènes défectueux de Martin étaient rassemblés dans sa progéniture bâtarde. Goddard affirmait avec certitude que la loi de Mendel était donc bel et bien une réalité.

Deborah Kallikak

L’idée d’un généticien contemporain sur l’eugénisme de Goddard

Le généticien contemporain était contre l’avis de Goddard. D’après lui, la faiblesse d’esprit de Déborah a pu résulter de plusieurs facteurs comme son environnement. De plus, la psychiatrie ne pouvait pas affirmer ou supposer de telles idées même si les gènes pouvaient réellement contribuer à favoriser les caractéristiques d’une personne. Toutefois, les études n’ont pas été approfondies pour le cas de Deborah parce que d’après le généticien, la serveuse n’aurait jamais existé, et toutes les lignées de Kallikak étaient bien des personnes à succès (médecin, homme de droit, etc.). 

D’après lui, Deborah était la fille de John Wolverton. La progéniture de ce dernier regroupait bien des alcooliques. Toutefois, cela aurait été dû au syndrome d’alcoolisme fœtal et non à des héritages génétiques. Le faux arbre généalogique de Goddard a été utilisé jusqu’en 1950 pour démontrer l’importance de la stérilisation involontaire. Les Kallikak étaient malheureusement devenus le mythe fondateur de l’eugénisme américain.

L’impact de l’eugénisme sur la science

Plus tard, des films ont été créés dans le but d’illustrer que l’eugénisme a même eu un impact profond, qu’il s’agisse de politique ou de science. En seulement 20 ans, la science a réussi à affecter grandement la politique. Une fusillade à Buffalo en mai a même créé un grand débat sur l’origine du tireur en raison de sa base génétique provenant de son ascendance juive. La science, même en s’efforçant d’être apolitique, conduit tout de même à des politiques malsaines comme le racisme et le fascisme.

Un livre intitulé The Dark History and Troubling Present of Eugenics d’Adam Rutherford, publié par Weidenfeld & Nicolson, a été écrit pour faire connaitre la vérité et éclairer les gens dans les décisions à prendre pour nos générations futures.

Par Arielle Lovasoa, le

Source: The Guardian

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