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A l’intérieur de notre rétine, se trouvent des protéines appelées opsines. Ces opsines sont des photorécepteurs, des photopigments photosensibles qui assurent notre vision de la lumière tamisée ainsi que notre vision des couleurs. Mais ces protéines sont également présentes dans notre peau et elles lui donnent une faculté exceptionnelle.

Jusqu’à présent, les scientifiques n’avaient pas encore réussi à déterminer si les protéines d’opsine étaient aussi présentes à d’autres endroits que dans l’œil et quel rôle elles pouvaient y jouer. Mais c’est justement à cette question qu’une étude, parue le 10 octobre 2019 dans Current Biology, a répondu.

Une expérimentation menée sur les follicules pileux de souris a effectivement révélé qu’il existe un type d’opsine dénommé neuropsine qui synchronise l’horloge biologique de la peau au cycle lumière-obscurité et ce, indépendamment des informations fournies par les yeux ou le cerveau.

Le corps possède ses propres photorécepteurs

Ethan Buhr, co-auteur de l’étude, assistant de recherche et professeur d’ophtalmologie à la faculté de médecine de l’université de Washington, a déclaré dans Phys.org que « c’est la première démonstration fonctionnelle de photorécepteurs à opsine en dehors de l’œil contrôlant directement les rythmes circadiens chez un mammifère ».

Le chercheur déclare également que jusqu’à présent, les scientifiques supposaient que lorsque les mammifères ont évolué, le cerveau prenait le relais en informant tous les organes du corps s’il faisait jour ou nuit. Mais cette étude réfute cette hypothèse et démontre que la peau dispose aussi de ses propres photorécepteurs en utilisant la neuropsine.

Les implications de cette étude pourraient faire évoluer la médecine

Selon le co-auteur Russ Van Gelder, professeur d’ophtalmologie à l’University of Washington School of Medicine, a également expliqué que si l’on fait un voyage de Seattle au Japon, « la peau comprendra que le fuseau horaire a changé et elle s’adaptera au nouveau fuseau horaire en quelques jours grâce à la neuropsine ».

Cette découverte peut avoir d’importantes répercussions sur la médecine car des recherches effectuées par d’autres scientifiques ont démontré qu’une physiologie importante de la peau est sous le contrôle de l’horloge circadienne. A titre d’exemple, les travaux du lauréat du prix Nobel Aziz Sancar, de l’université de Caroline du Nord, ont révélé que les rayons ultraviolets administrés tôt le matin avaient cinq fois plus de risques d’engendrer un cancer de la peau chez la souris que s’ils étaient administrés en fin d’après-midi en raison des changements biologiques dans la capacité de la peau à réparer les dommages de l’ADN.

Richard Lang, enquêteur principal, résume les faits ainsi :
« Bien que nos recherches soient toujours en cours, nous émettons l’hypothèse que certaines couleurs de la lumière à certaines heures de la journée influenceront le processus de guérison de la peau. » Cela est aussi valable pour les heures précises durant le jour ou la nuit pendant lesquelles administrer les médicaments, pour qu’ils puissent avoir une efficacité maximale.

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