En 2005, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avait estimé que nous gaspillions environ un tiers des aliments disponibles pour la consommation humaine, mais ce chiffre ne prenait en compte que l’offre alimentaire pour déterminer l’ampleur de ce gaspillage.
Un problème largement sous-estimé
Présentée dans la revue PLOS ONE, cette étude est la première à se pencher sur l’impact du niveau de vie des consommateurs sur le gaspillage alimentaire. Pour ce faire, les scientifiques de l’université de Wageningen, aux Pays-Bas, se sont appuyés sur un « modèle de métabolisme humain » de la FAO ainsi qu’un ensemble de données émanant de l’organisation et de la Banque mondiale de l’OMS, qui leur ont fourni des estimations détaillées du gaspillage alimentaire à l’échelle mondiale, ainsi que par pays. Et comme on pouvait s’y attendre, celui-ci avait été largement sous-estimé par les recherches antérieures.
Les scientifiques néerlandais ont constaté qu’à partir d’un certain niveau de revenus, correspondant à un seuil de dépenses d’environ 6 euros par jour et par personne, le gaspillage alimentaire avait tendance à augmenter, d’abord de façon exponentielle, puis à un rythme beaucoup lent. Alors que l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture considérait qu’il était en moyenne de 214 kcal par jour et par habitant en 2015, le nouveau modèle a estimé que celui-ci s’élevait en réalité à 527 kcal pour la même période, soit plus du double.
Réduire le gaspillage alimentaire passera par un changement global des comportements
« Le gaspillage alimentaire est un problème bien plus grave que nous le pensions dans les pays riches. En limitant le gaspillage, nous pourrions nourrir cinq personnes au lieu de quatre avec les aliments qui se trouvent dans nos cuisines », note Thom Achterbosch, co-auteur de l’étude. « Mais nos analyses ont également montré que la gaspillage avait tendance à progresser rapidement dans les pays plus pauvres », ajoute-t-il.
Si les chercheurs estiment que des solutions simples, comme la réduction de la taille des portions de nourriture, pourraient permettre de limiter ce phénomène, une prise de conscience généralisée et un changement global des comportements semblent indispensables pour atteindre l’objectif international, visant à réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2030. Ils évoquent notamment la multiplication des campagnes encourageant les consommateurs à ne plus acheter « trop », mais « suffisamment », et à valoriser davantage la nourriture.
« Il s’agit essentiellement de la façon la plus durable de résoudre une partie du problème que représentera l’approvisionnement en nourriture de la planète dans les années à venir », conclut la chercheuse Martine Rutten.
Par Yann Contegat, le
Source: Phys.org
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