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La récente analyse de carottes de glace a révélé que notre planète avait été frappée par une tempête solaire d’une rare intensité il y a un peu plus de neuf millénaires, durant une phase normalement paisible de notre astre.

De puissantes éjections de masse coronale

Le Soleil produit régulièrement des éruptions et des bouffées de plasma appelées éjections de masse coronale (CME) qui, si elles entrent en collision avec la Terre, peuvent affecter sa magnétosphère. La plupart du temps, cela se traduit par des aurores polaires plus intenses, mais les CME les plus puissantes peuvent endommager les satellites, perturber les communications et entraîner des coupures d’électricité généralisées et durables.

C’est pourquoi il est important d’évaluer les risques que ces événements peuvent poser et de prévoir quand ils pourraient frapper afin de nous y préparer au mieux. Si les descriptions écrites de tels phénomènes ne remontent généralement qu’à quelques siècles, des preuves de leur survenue peuvent être conservées dans la glace pendant plusieurs millénaires, offrant ainsi aux chercheurs une image à long terme de la fréquence à laquelle ils sont susceptibles de se produire.

Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature Communications, des chercheurs de l’université de Lund ont examiné des carottes de glace prélevées au Groenland et en Antarctique. Les isotopes radioactifs comme le béryllium 10 et le chlore 36 étant produits par les particules émises par le Soleil et pouvant atteindre la surface de la Terre en plus grandes quantités pendant les CME, la découverte de pics dans leurs concentrations peut constituer une preuve irréfutable de tempêtes géomagnétiques.

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Une menace sous-estimée

L’équipe a détecté un pic géant de béryllium 10 et de chlore 36 dans les carottes de glace, à une profondeur correspondant à l’année 7176 avant notre ère, ce qui indique qu’une énorme tempête géomagnétique a dû se produire à ce moment-là. Fait intrigant, la même signature a été repérée au même endroit dans quatre carottes de glace différentes, trois provenant du Groenland et une de l’Antarctique.

Si cette découverte n’est pas particulièrement surprenante en soi, le fait que la tempête se soit produite durant une phase où le Soleil, qui connaît un cycle d’activité de onze ans, aurait dû être proche de son activité minimale l’est beaucoup plus. Selon l’équipe, cela bouleverse notre compréhension de ces phénomènes et montre que la menace qu’ils représentent est aujourd’hui sous-estimée.

« Ces énormes tempêtes ne sont actuellement pas suffisamment prises en compte dans les évaluations des risques », estime Raimund Muscheler, auteur principal de l’étude. « Il est de la plus haute importance d’analyser ce que ces événements pourraient signifier pour la technologie d’aujourd’hui et comment nous pouvons nous protéger. »

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