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Ces épées vieilles de 5 000 ans découvertes en Turquie bouleversent l’histoire militaire

Il s'agit des plus vieilles épées connues

Des épées anciennes
— © Dosseman / Wikimedia Commons

Dans les terres poussiéreuses de l’est de l’Anatolie, au bord de l’Euphrate, un site archéologique millénaire continue de révéler les secrets d’une époque où les sociétés humaines posaient les bases du pouvoir, de l’organisation politique et de la guerre. Arslantepe, situé non loin de la ville actuelle de Malatya, en Turquie, est aujourd’hui reconnu comme l’un des berceaux de la civilisation. Et parmi les vestiges exhumés dans ses couches profondes, un trésor métallique vieux de cinq millénaires a bouleversé tout ce que l’on croyait savoir sur l’histoire des armes.

Une découverte qui redéfinit l’histoire de l’épée

C’est au début des années 1980 que la professeure Marcella Frangipane et son équipe de l’université La Sapienza de Rome ont fait une découverte inattendue lors de fouilles dans un vaste complexe de briques crues, vestige d’un ancien palais daté de la fin du IVe millénaire avant notre ère. Là, enfouies dans ce qui semble être une salle d’armes, gisaient neuf lames remarquables – six longs poignards et trois courtes épées.

Datées d’environ 3300 avant notre ère, ces épées repoussent de presque un millénaire l’origine de cette arme emblématique. Avant cette découverte, les experts estimaient que les premières épées étaient apparues entre 1600 et 1500 avant notre ère, dans les régions de la mer Égée et de la Mésopotamie. Arslantepe en Turquie a donc profondément modifié cette vision historique.

Les épées d’Arslantepe ne se distinguent pas seulement par leur ancienneté, mais également par la sophistication de leur fabrication. Façonnées dans un alliage de cuivre et d’arsenic, elles témoignent d’une maîtrise technique avancée. Cette combinaison d’éléments permettait de produire des lames plus solides et résistantes que celles en cuivre pur.

Trois de ces armes étaient également décorées d’incrustations d’argent, ce qui suggère qu’elles servaient à bien plus qu’au combat. Mesurant entre 45 et 60 centimètres, elles se situent à la croisée des longs poignards et des épées courtes. Pourtant, leur conception intègre tous les éléments essentiels d’une épée : une lame, une garde, une poignée et un pommeau.

Aux sources de l’État et de la hiérarchie

Les épées ont été découvertes dans une salle qui semble avoir servi d’armurerie, au sein du palais monumental d’Arslantepe. Ce détail révèle leur lien étroit avec les élites de l’époque. À cette période, la société locale évoluait d’une organisation tribale vers une structure politique centralisée. L’architecture imposante, les sceaux administratifs et les objets funéraires retrouvés sur le site témoignent de cette transition vers une hiérarchie sociale et un contrôle étatique.

Les épées, tout comme d’autres armes, n’étaient probablement pas seulement utilisées pour des affrontements, mais aussi pour symboliser l’autorité. Dans de nombreuses civilisations anciennes, les armes des dirigeants jouaient un rôle cérémoniel, renforçant leur légitimité et inspirant le respect. 

La question de l’usage réel de ces épées reste ouverte. Ont-elles été utilisées au combat, ou étaient-elles principalement destinées à affirmer un statut social ? Le raffinement de leur ornementation pourrait faire pencher la balance en faveur d’une fonction symbolique. Cependant, leur fabrication robuste laisse penser qu’elles pouvaient être pleinement fonctionnelles.

Bien qu’elles diffèrent des longues épées à double tranchant des époques ultérieures, ces armes étaient adaptées aux combats rapprochés de l’âge du bronze. À une époque où les armées permanentes n’existaient pas encore, le pouvoir se concentrait entre les mains des chefs locaux et des guerriers d’élite. Une épée bien conçue représentait donc à la fois un avantage militaire et un symbole de domination.

Un carrefour de cultures et d’innovations

Situé à seulement 7 kilomètres de la ville moderne de Malatya, Arslantepe occupait une position stratégique le long de l’Euphrate, au croisement de l’Anatolie, de la Mésopotamie et du Caucase. Cet emplacement favorisait les échanges culturels et économiques, notamment via des réseaux commerciaux transportant des minerais depuis des régions éloignées. Les influences culturelles se reflètent également dans l’architecture et les artefacts hybrides découverts sur le site.

Le monticule d’Arslantepe révèle des traces d’occupation remontant au VIe millénaire avant notre ère, notamment celles d’une des premières cités-États connues. Les fouilles ont mis au jour des palais, des temples et des plateformes cérémonielles, témoins d’une société hautement organisée.

En 2021, l’UNESCO a inscrit Arslantepe sur la liste du patrimoine mondial, reconnaissant son rôle crucial dans l’histoire de l’humanité. Cependant, en février 2023, le site a été touché par deux puissants séismes dans le sud de la Turquie. Heureusement, les structures de protection ont préservé l’essentiel du site, bien que certaines parties de la toiture temporaire aient été endommagées.

Par ailleurs, un employé de musée découvre une épée médiévale au fond d’une rivière en Pologne.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Arkeonews

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