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Le 2 octobre dernier, Emmanuel Macron a annoncé au cours d’un discours concernant le « séparatisme » que l’enseignement à domicile sera interdit à partir de l’année 2021, sauf exception. Le président de la République prévoit de finaliser ce projet de loi en octobre pour le présenter en Conseil des ministres début décembre.

Plusieurs milliers d’enfants déscolarisés

D’après une enquête menée par le ministère de l’Éducation nationale au cours de cette année, 50 000 enfants font l’école à domicile, contre 41 000 l’année dernière et entre 30 000 et 35 000 en 2017. L’interdiction de l’enseignement à domicile sauf pour les impératifs de santé est donc une nécessité pour Macron. « C’est une nécessité. J’ai pris une décision, sans doute l’une des plus radicales depuis les lois de 1882 et celles assurant la mixité scolaire entre garçons et filles en 1969 », a-t-il déclaré pendant son discours.

Le président explique que la déscolarisation commence généralement lorsque les parents refusent que leurs enfants participent à des activités comme les cours de musique et la piscine. Ensuite, les enfants qui quittent l’école ne vont pas au Centre national d’enseignement à distance (CNED), mais dans des structures non déclarées. « Des structures très simples : des murs, presque pas de fenêtres ; des enfants qui arrivent à 8 heures chaque jour et qui repartent à 15 heures ; des femmes en niqab qui les accueillent ; et lorsqu’on les interroge, les prières. Voilà leur enseignement », a-t-il développé, ajoutant que l’on fermait des établissements administrés par des extrémistes religieux chaque mois.

En outre, lors de la session questions-réponses suivant son discours, le chef de l’État a expliqué que des milliers d’enfants sont déscolarisés parce que leurs parents ne veulent plus qu’ils se rendent dans l’école de la République. « L’Éducation nationale n’a pas vraiment de moyen de contrôler l’évolution de cet enfant sur le plan de ce qu’on apprend à l’école, de l’ouverture à l’autre, des valeurs de la République », s’est-il inquiété.

Les familles concernées sont furieuses

Cette décision concerne uniquement 0,4 % des enfants d’âge scolaire. Cependant, les familles concernées sont furieuses. Alix Fourest, coprésidente de l’association Laia, dont les deux enfants sont scolarisés à domicile, est choquée par la radicalité de la mesure. « Nous savions qu’Emmanuel Macron allait parler de nous et nous attendions à un énième tour de vis. Mais une interdiction pure et simple, non ! », a-t-elle déclaré. Il s’agit pour elle d’une injustice étant donné que les familles qui choisissent la déscolarisation pour des raisons de séparatisme religieux sont minoritaires.

De son côté, Anne Coffinier, présidente de l’association Créer son école, fine connaisseuse du milieu de l’enseignement libre, a déclaré qu’enseigner à domicile ne sera plus un droit automatique et qu’il faudra se justifier. Pour elle, « ça risque de ressembler à une usine à gaz. Les familles auront toutes de bonnes raisons à avancer. Que répondre par exemple à ceux qui vivent à la campagne, loin de toute école ? Ou à ceux dont les enfants sont en échec ou en souffrance à l’école ? » Les certificats médicaux de complaisance risquent juste de se multiplier.

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Papounet UT
Papounet UT
3 années

Certains ne leur apprennent que le coran au lieu de l’école de la république.
C’est pour ça que certaines familles sont scandalisées.

Pour une fois je suis d’accord avec Macron.

Laborde Antoine
Laborde Antoine
3 années

Pourquoi faut il que chacun ait un avis sur tout,même ce qu’il ne connait pas. Nous avons élevé 4 enfants, 3 n’ont mis les pieds à l’école publique qu’à partir de la 1ère, donc au lycée. De la naissance à 16 ans, ils ont été éduqués en famille. Aujourd’hui, l’une… Lire la suite »