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Lundi 25 mai dernier, George Floyd, un homme noir de 46 ans, décédait des suites de son interpellation. Accusé d’avoir tenté de faire passer un faux billet de 20$, l’homme a été plaqué au sol par un policier, qui a maintenu son genou appuyé sur son cou pendant de longues minutes, alors que George Floyd affirmait ne plus pouvoir respirer. La scène, filmée et diffusée sur les réseaux sociaux, a provoqué la colère de la population américaine, et des émeutes se sont propagées dans tout le pays. Les violences policières et le racisme sont en effet monnaie courante dans le pays qui se déclare être « le gendarme du monde ».

Violences policières et racisme : malheureusement une « banalité » aux États-Unis

L’histoire de George Floyd vient s’ajouter à la longue liste de bavures policières envers des personnes noires aux États-Unis. Déjà en 2013, le mouvement ‘Black Lives Matter’ dénonçait l’impunité des meurtres de personnes noires, après que l’assassin de Trayvon Martin, un jeune homme de 17 ans, non armé, a été relâché. Sur son site, le mouvement se définit ainsi : « Black Lives Matter, c’est le cri de ralliement pour TOUTES les vies de Noirs en lutte pour la libération. » Créé sur Twitter, le mouvement se veut un lieu où les personnes peuvent témoigner de leur vie en tant que Noirs aux États-Unis.

De nombreux autres cris de ralliement ont émergé sur la Toile et dans la rue, en réaction au racisme endémique subsistant aux États-Unis. Le plus important est sûrement le mouvement « I can’t breathe », suite à la mort d’Eric Garner, décédé lui aussi après qu’un policier a appuyé sur son cou avec son genou. Il a répété 11 fois qu’il ne pouvait pas respirer, ce à quoi le policier avait répondu « Tu peux parler, donc tu peux respirer ». En décembre 2014, des die-in (où les manifestants restent allongés) avaient essaimé un peu partout aux États-Unis. La mort de George Floyd, exactement dans les mêmes conditions qu’Eric Garner, a provoqué la colère des citoyens américains, colère qui s’est transformée en émeutes.

Des manifestations émaillées de bavures policières

La scène de l’arrestation et du ‘meurtre’ de George Floyd a été filmée et diffusée sur les réseaux. Les 4 agents impliqués ont été licenciés. Des enquêtes fédérales ont été ouvertes, et Derek Chauvin, le policier ayant appuyé sur le cou de George Floyd, a été arrêté pour « homicide involontaire ». CNN révèle que ce policier a fait l’objet de 18 plaintes, en seulement 19 ans de service. Seulement 2 ont abouti à des réprimandes. Il risque jusqu’à 35 ans de prison.

À Minneapolis, ville où s’est déroulé le drame, les manifestations réclamant justice se sont vite transformées en émeutes. Dans la nuit de jeudi à vendredi, les manifestants ont réussi à s’emparer du commissariat où travaillaient les 4 policiers, déserté par ses occupants face à l’arrivée massive de citoyens réclamant justice, qui ont mis le feu aux bâtiments. En dehors de Minneapolis, les manifestations, qui ont gagné l’ensemble du pays, se déroulent relativement pacifiquement, du moins du côté des manifestants. Car du côté des forces de l’ordre, des images de violences, pouvant être associées à de la « répression », ont fait le tour du monde. Ainsi de ces voitures de police fonçant dans la foule, de policiers tirant sur des gens qui se tenaient devant leur porche, de l’utilisation massive de gaz lacrymogène par des policiers qui confisquent le lait et l’eau permettant d’apaiser la douleur, de journalistes arrêtés alors qu’ils n’étaient pas menaçants…

Les appels à la manifestation se poursuivent de par le monde

De nombreux anonymes et personnalités ont appelé à soutenir les manifestations. L’industrie de la musique a annoncé rejoindre le Black Out Tuesday, une journée où l’industrie de la musique se met à l’arrêt. Universal Music, Sony Music et Warner Music Group ont annoncé un arrêt de leurs activités ce mardi, « une journée pour observer, prendre contact et s’organiser », comme l’affirme Universal Music dans un message publié lundi. De nombreux sportifs français et internationaux se sont mobilisés sur les réseaux sociaux pour dire « trop, c’est trop ». Marcus Thuram, attaquant de Mönchengladbach et fils du champion du monde Lilian Thuram, a mis un genou à terre, symbole de la lutte contre les violences policières aux États-Unis, soutenu par son club. De son côté, PlayStation a annoncé que la conférence de presse, où la PS5 devait être dévoilée et qui devait se tenir le 4 juin, était reportée en soutien aux manifestations.

Il n’y a toutefois pas que les sportifs et les manifestants qui mettent un genou à terre : des policiers, aux États-Unis, ont également eu ce geste symbolique très fort. Le New York Daily News en a même fait sa une :

De son côté, le président des États-Unis, Donald Trump, a menacé de déployer l’armée en renfort des forces de l’ordre, afin de mettre un terme, selon ses mots, aux « émeutes » et aux « pillages », alors que des grands magasins de la 5e Avenue à New York ont été pillés et qu’un couvre-feu a été installé dans plusieurs grandes villes américaines. Il a appelé les gouverneurs à « dominer » les manifestants et annoncé que l’armée serait déployée si les maires et gouverneurs ne prennent pas les mesures nécessaires pour « défendre la vie de leurs résidents ». Après une séance photo, Bible en main, à l’église épiscopalienne Saint-John (« l’église des présidents »), il s’est réfugié dans le bunker de la Maison-Blanche, face aux manifestations et au tag « Fuck Trump » retrouvé sur les murs de l’église. Plus tôt dans la journée, il avait annoncé vouloir désigner la mouvance « Antifa » (antifasciste) comme « organisation terroriste ».

Enfin, ces événements marquent le grand retour d’Anonymous, collectif de hackers, qui a annoncé avoir piraté le site de la police de Minneapolis. La voix modifiée par l’ordinateur annonce que l’organisation « exposera vos nombreux crimes au monde entier ». Le collectif rappelle que « 193 personnes ont été tuées par la police ces 20 dernières années ». Ils en ont profité pour relayer des documents, dont la véracité n’est pas encore établie, au sujet de l’affaire Epstein, du nom de cet homme mort en prison après avoir été arrêté pour trafic de mineurs. Dans ces documents, le nom de Donald Trump apparait, ainsi que ceux de nombreuses autres personnalités.

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Betamax
Betamax
3 années

Je l’ai vu, la vidéo de george floyd, qui se fait arrêter…. Ce que je voie dans cette vidéo, c’est un policier ultra violent, a l’égard d’un homme qui ne l’est absolument pas, et qui est même tout a fait prêt a coopérer, cette vidéo, est une vidéo de bavure… Lire la suite »

alain smeekens
alain smeekens
3 années

Comme écrit dans ce reportage, » 193 personnes tuées par la police en 20 ans » faite un peu une recherche sur combien de « blancs » se font tués par des « noirs » pour, les dévalisé ou simplement parce que délinquant durant les 20 dernières années aux USA, pourquoi n’y a t il pas… Lire la suite »