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Les élèves transgenres et l’école : le chemin est encore long pour mettre fin aux discriminations

Le suicide d'une lycéenne trans à Lille interroge plus que jamais le rôle des établissements scolaires dans l'accompagnement des élèves

— Ink Drop / Shutterstock.com

De récentes études et enquêtes révèlent une augmentation inquiétante des actes LGBTphobes au sein des établissements scolaires. Si nombreux sont ceux à se mobiliser contre de tels faits, le chemin est encore long à parcourir pour mettre fin à ces discriminations.

Le rôle des écoles dans l’accompagnement de ses élèves interrogé 

Le jeudi 17 décembre dernier, le rectorat a rapporté le suicide d’une lycéenne trans à Lille. Depuis, le rôle des écoles dans l’accompagnement de ses élèves est plus que jamais interrogé. Si nombreux sont ceux à se battre, le chemin est encore long à parcourir pour mettre fin pour de bon aux discriminations

De multiples études et récentes enquêtes révèlent effectivement un accroissement inquiétant des actes LGBTphobes au sein des établissements scolaires. La transphobie est caractérisée par de violentes agressions physiques ainsi que par des phénomènes de rejet. 

Face à une telle situation, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, a annoncé qu’il faut “que nous réussissions beaucoup mieux à lutter contre le harcèlement des élèves LGBT+”.

En outre, comme le rapporte Komitid, une enquête menée auprès de 1 147 individus et datant de 2018 par les chercheurs Arnaud Alessandrin et Johanna Dagorn révélait qu’environ 86 % des personnes intersexes et trans interrogées se sont mal senties lors de leur scolarité. En cause : le manque de reconnaissance du nom qu’elles ou ils souhaitaient porter. 

“Le temps que l’institution accorde à la question est soit nul, soit excessivement marginal”

Pour Arnaud Alessandrin, travaillant depuis l’année 2014 sur la transidentité, un réel paradoxe persiste : l’école est le lieu que les élèves fréquentent le plus mais c’est aussi celui où leur reconnaissance est la moins importante. “Le temps que l’institution accorde à la question est soit nul, soit excessivement marginal. L’école ne fait pas rien, mais ce petit quelque chose reste totalement insuffisant. Or, le taux de déscolarisation des jeunes trans explose si on ne reconnaît pas leur transidentité à l’école”, rapporte-t-il.

Sans véritable texte de loi, les directeurs des établissements scolaires se voient obligés d’organiser le tout au cas par cas. Toutefois, cela “conduit à une inégalité de traitement sur le territoire”, ajoute Arnaud Alessandrin.

Le CPE d’un lycée du sud-ouest de la France du nom de Philippe a également rapporté que “pour accompagner les élèves trans, on se débrouille en interne”. Selon ce que le pays autorise, l’école modifie dans tous les documents le prénom des élèves qui le demandent, et ce, “à partir du moment où ils sont suivis par leurs parents dans leur démarche”.

Un évident manque de formation

Face à une telle situation, le constat apparaît évident : les personnels des établissements scolaires manquent cruellement de formation. “Ces sujets ne sont pas encore imposés dans le débat éducatif. Or, pour écouter les élèves concernés et les accompagner au mieux, il faut qu’on soit formés. Des ressources existent sur des sites du ministère, mais elle n’irriguent pas forcément, il y a un manque d’information”, explique Sophie Vénétitay, membre du SNES-FSU, premier syndicat du secondaire. 

Mathieu Devlaminck, président de l’Union nationale lycéenne (UNL), explique à son tour que “certains établissements sont au fait sur le sujet mais c’est loin d’être le cas partout. On aimerait par exemple que des associations viennent nous sensibiliser dans les lycées aux discriminations dont sont victimes les personnes transgenres.”

De belles avancées à l’échelle locale

De belles avancées se sont tout de même faites à l’échelle locale. En effet, au mois de novembre 2019, le rectorat de l’académie de Paris a créé le tout premier Observatoire académique de prévention et de lutte contre les discriminations anti-LGBT+. Son rôle est de former les professionnels, sensibiliser, mettre en place des projets éducatifs et de “faire en sorte de rendre visibles ces questions à l’école”, rapporte Audrey Gelman, chargée de mission. L’académie de Nancy-Metz devrait prochainement suivre les pas de celle de Paris.

Enfin, au mois d’octobre dernier, Élisabeth Moreno, ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes, à la diversité et à l’égalité des chances, a proposé un plan national d’actions concernant l’égalité des droits et une lutte contre les discriminations et la haine anti-LGBT. Un plan qui devrait notamment permettre aux professionnels des établissements scolaires d’être formés et sensibilisés à toutes ces questions.

Par Cécile Breton, le

Source: Komitid

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