Alors que le monde traverse actuellement l’une des pires crises sanitaires depuis un siècle, les questions se posent quant à l’origine de la pandémie. Issue probablement d’un marché d’animaux sauvages de Wuhan plus ou moins réglementaire, cette épidémie nous invite à remettre en cause nos modèles de société, notamment l’élevage intensif, qui serait un véritable terreau épidémique.
L’élevage intensif, ou industriel, désigne une forme d’élevage à grande échelle, visant à en maximiser les profits. Cela a des conséquences importantes sur le bien-être animal mais également en matière d’environnement. Pour les animaux, ce type d’élevage se caractérise par une promiscuité accrue. Des directives européennes sont venues réguler la densité de peuplement, c’est-à-dire le nombre d’animaux maximal par m2. La directive de 2007 dispose que pour l’élevage de poulets, la densité de peuplement ne doit pas excéder 33 kg/m2, sachant qu’un poulet « standard » peut peser jusqu’à plus de 2 kg. La directive affirme même que des dérogations peuvent être accordées afin que la densité d’élevage puisse aller jusqu’à 39 kg/m2.
Cela signifie que l’on peut avoir de 17 à 22 poulets par m2, soit, selon l’ONGI CIWF, « moins d’une feuille A4 par poulet ». Il en va de même pour tous les animaux en élevage industriel. Cette promiscuité forcée entraine des zoonoses, maladies qui se propagent de l’être humain à l’animal et inversement. Les animaux se transmettent les virus entre eux et, au contact des humains, les leur transmettent ensuite. L’élevage industriel est donc en grande partie responsable de la propagation des maladies actuelles. Les virus peuvent également se transmettre du fait de la faible diversité génétique des animaux élevés, ce qui permet aux virus de muter en souches plus virulentes.
Les zoonoses sont responsables de 60 % des maladies infectieuses dans le monde, selon l’OMS. Les épidémies de grippe porcine ou de grippe aviaire, qui ont touché le monde dans les années 2000, sont également d’origine animale, comme leurs noms l’indiquent. Cela nous pousse à nous interroger sur nos modes de consommation et à réfléchir, pour le bien de tous, humains comme animaux, à des conditions d’élevage plus saines et respectueuses de la planète, comme le recommandent Jonathan Safran Foer et Aaron S. Gross.
Par Marine Guichard, le
Source: The Guardian
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