Une importante étude s’est penchée sur la façon dont le changement climatique perturbait le délicat équilibre régissant la nature, afin de définir dans quelle mesure ces modifications impactaient la santé humaine. Et ses conclusions s’avèrent particulièrement préoccupantes.

Aggravation des maladies allergiques respiratoires et augmentation de la prévalence des maladies auto-immunes

Dans le cadre de ces travaux récemment présentés dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health, les chercheurs de l’université Rutgers ont notamment constaté que les changements environnementaux associés au réchauffement climatique étaient responsables d’une augmentation des allergies, de l’asthme, des maladies auto-immunes, neurologiques et inflammatoires.

« Le changement climatique a aggravé les maladies allergiques respiratoires et a modifié la tolérance du système immunitaire à l’égard des toxines, ce qui a entraîné une augmentation de la prévalence des maladies immunitaires », explique Xue Ming, professeur de neurologie et auteur principal de l’étude. « Les personnes souffrant de maladies allergiques respiratoires chroniques qui affectent le nez et les yeux, comme l’asthme et les allergies, sont exposées à un risque élevé en raison de l’augmentation de l’exposition au pollen et de la concentration et de la distribution accrues des polluants atmosphériques. »

Avec le réchauffement climatique, la saison pollinique dure plus longtemps, et est également devenue plus intense. En cause : la hausse des niveaux de dioxyde de carbone qui stimule la reproduction des plantes et entraîne une augmentation des niveaux globaux de pollen, en particulier chez les espèces comme l’ambroisie, dont la concentration de pollen a drastiquement augmenté ces dernières années, et devrait quadrupler d’ici 2050.

Selon Ming, l’augmentation de la fréquence des orages, directement liée à la hausse des températures, a entraîné celle des concentrations de grains de pollen au niveau du sol. « Après avoir absorbé de l’eau, ces grains peuvent se rompre et libérer des particules allergènes qui peuvent induire de graves symptômes chez les patients souffrant d’asthme ou de rhume des foins », souligne le scientifique.

— Josep Suria / Shutterstock.com

Le rôle de la surexploitation des forêts et de l’utilisation des pesticides

Ces récents travaux montrent également que le changement climatique est intimement lié à l’augmentation des concentrations de polluants atmosphériques tels que l’ozone et l’oxyde nitrique. « Il existe de plus en plus de preuves suggérant que ces polluants environnementaux en suspension dans l’air pourraient être partiellement responsables de l’augmentation substantielle des maladies respiratoires allergiques constatées dans les pays industrialisés au cours des dernières décennies », avancent les auteurs de l’étude.

Il s’avère par ailleurs que l’exploitation des terres et les changements qu’elle induit dans les écosystèmes ont un impact sur les allergies et les troubles respiratoires. « La déforestation et la surexploitation des forêts ont entraîné une diminution spectaculaire de la diversité des espèces végétales. Lorsqu’une espèce de plante disparaît, de nouvelles espèces apparaissent pour prendre sa place », précise Ming. « L’exploitation excessive du chêne a par exemple conduit à l’émergence de nouvelles espèces d’arbres, et par conséquent de nouvelles formes de pollen d’arbres, qui sont inhalés et ingérés par les humains au quotidien. »

« De même, l’utilisation généralisée de pesticides a modifié le profil des insectes, des invertébrés et des micro-organismes avec lesquels nous sommes en contact par le biais des sols et de la végétation », poursuit le chercheur. « L’environnement étant modifié, notre corps est littéralement bombardé par les molécules qui composent ces organismes, appelées antigènes. Reconnues comme ‘étrangères’ par ce dernier, celles-ci provoquent des réactions inflammatoires. »

Près d’un million d’espèces sont menacées d’extinction en raison du changement climatique, et les pertes de biodiversité sont susceptibles de modifier le microbiote intestinal humain. Selon les chercheurs, ces changements pourraient potentiellement conduire à des maladies inflammatoires, neurologiques et auto-immunes. « Les troubles immunologiques, tels que les allergies alimentaires, sont en augmentation. Plusieurs études ont montré que l’augmentation du dioxyde de carbone et de la température étaient corrélées à des changements dans la composition de l’arachide, compliquant l’adaptation du système immunitaire », écrivent-ils.

— Fotokostic/ Shutterstock.com

Un microbiote intestinal perturbé favorisant l’apparition et le développement de graves maladies neurologiques

Les bactéries intestinales bénéfiques sont nécessaires au développement des cellules immunitaires innées, qui constituent la première ligne de défense de l’organisme contre les infections. Pour Ming leur perturbation est liée à l’apparition et au développement de maladies neurologiques telles que la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson ou l’autisme.

« Dans le cadre de mes propres recherches, j’ai été confronté à un métabolisme anormal des acides aminés, un déséquilibre accru entre les radicaux libres et les antioxydants dans l’organisme, ainsi que des microbiotes intestinaux altérés chez certains patients atteints de troubles du spectre de l’autisme », explique notamment le scientifique.

Lorsqu’on leur demande quelles mesures devraient être prises afin de minimiser les risques sanitaires liés au changement climatique, les chercheurs estiment qu’il est indispensable de mettre fin à la destruction galopante de notre environnement naturel, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’adopter un comportement plus écoresponsable.

« De nombreuses recherches ont établi des liens clairs entre le microbiote et les maladies auto-immunes, inflammatoires et neurologiques, et il est essentiel que nous minimisions l’exposition aux antimicrobiens. Cela peut impliquer de modifier les directives relatives à la prescription d’antibiotiques par les professionnels de la santé », rappellent les auteurs de l’étude. « Par ailleurs, étant donné que le microbiote est directement influencé par notre environnement quotidien, il est important de s’immerger régulièrement dans la nature et de se familiariser avec la diversité biologique qui nous entoure. »

Alpha Tauri 3D Graphics / Shutterstock.com
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2 Commentaires
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RUSTINETTE
RUSTINETTE
3 années

stop aux épandages aériens de pesticides et autre substances nocives , on est empoisonnés par pleins de saloperie comme la bouffe industrielle et tous ces perturbateurs endocriniens merci à l’ETAT pour cette petite mort, on nous prend pour des crétins, enfin de toutes façons profitons du temps qui nous reste… Lire la suite »

olibiobus
olibiobus
3 années

C’est malheureusement avéré; la pollution tue. Savez vous que la mortalité due à cette pollution, en France est supérieure à la mortalité due à l’épidémie du corona virus ? Les chiffres suivants proviennent de Santé Publique France. La mauvaise hygiène de vie due à la seule pollution de l’air c’est… Lire la suite »