L’American Academy of Pediatrics (AAP) tire la sonnette d’alarme sur les effets néfastes de la discrimination raciale des communautés minoritaires chez les enfants. Son rapport met en évidence la réalité de la discrimination chez ces collectivités et émet des recommandations sur le rôle à tenir par les pédiatres et les médecins face à cette situation.

L’AAP est le groupe de pédiatres le plus important des Etats-Unis et le lundi 29 juillet 2019, cette association a publié un rapport adressé à ses membres sur les dangers du racisme.

Le racisme nuit directement à la santé des enfants

Selon Jackie Douge, pédiatre du département de la santé du comté de Howard et co-auteur du rapport, les enfants sont actuellement très exposés aux informations, surtout par le biais des réseaux sociaux. Or en ce moment, le racisme fait la une des journaux notamment en raison des tweets racistes de l’actuel président américain Donald Trump et à cause de la montée du nationalisme blanc.

Le pédiatre déclare ainsi que même si l’on tient l’enfant à l’écart des allégations racistes, il en ressent toujours les effets. Ce rapport, basé sur 180 études, a été favorablement accueilli par d’autres pédiatres et propose également des recommandations pour réduire les impacts négatifs de l’atmosphère politique et culturelle actuelle sur les patients.

Trump, au cœur du mal-être des collectivités minoritaires

En effet, JAMA Pediatrics a publié une étude en 2018 sur l’augmentation du stress et de l’inquiétude des adolescents issus des collectivités minoritaires entre 2016 et 2017. Dans un premier temps, ils ont interrogé 2 572 lycéens à Los Angeles en 2016 au cours de la campagne présidentielle. Dans un second temps, ils ont à nouveau questionné des jeunes durant les premiers mois de 2017, après l’élection de Donald Trump. Cette étude a révélé que les adolescents stressés étaient plus susceptibles de prendre de la drogue et de l’alcool.

Les chercheurs ont également découvert que les dangers du racisme impactaient aussi les bébés et les enfants. Par exemple, des études ont révélé que chez les communautés victimes de discriminations et particulièrement après l’élection de Trump, les naissances prématurées et l’insuffisance pondérale (un poids plus faible des bébés) avaient augmenté chez les femmes afro-américaines et latines. D’autres études ont également montré que les enfants exposés au racisme étaient plus à même de tomber dans la dépression, l’obésité et avaient plus de risques de contracter des maladies.

Les tweets racistes de l’actuel président américain n’améliorent pas les choses.

Le racisme, un fléau qui ne date pas d’hier

Les scientifiques ont, depuis des décennies, observé des disparités de santé entre les différentes collectivités vivant aux Etats-Unis. Par exemple, les Afro-Américains étaient plus exposés que les Blancs au risque de diabète, d’hypertension et de maladie cardiaque. Leurs enfants étaient aussi quatre fois plus susceptibles d’avoir des problèmes d’asthme. Les facteurs environnementaux entrent aussi en jeu comme le niveau de revenus, l’éducation, l’exposition à la pollution et l’accès aux soins de santé.

Selon le rapport de l’AAP, les problèmes structurels sont également à prendre en compte : le nombre disproportionné des jeunes appartenant à des minorités incarcérés par le système judiciaire, les discriminations sur l’accès aux soins de santé, l’insécurité alimentaire et la pauvreté.

Le racisme par procuration porte également préjudice aux enfants

Nia J. Heard Garris, pédiatre à la Northwestern University, avait mené des recherches sur l’impact du racisme par procuration, c’est-à-dire la discrimination subie par les parents, sur la santé de leurs enfants. En 2018, la chercheuse avait publié une revue systématique de plus de 1.300 études sur le racisme et la santé des enfants. Elle a notamment déclaré qu’il existe certains effets immédiats du racisme sur la santé comme le risque de toxicomanie ou d’obésité.

Au vu de ces différents effets négatifs, l’AAP a fait plusieurs recommandations à ses membres. Kyle Yasuda, président de l’AAP, a d’ailleurs rappelé que le principal travail des pédiatres est de protéger la santé des enfants.

Rido / Shutterstock.com

Les recommandations de l’American Academy of Pediatrics

Le rapport définit le racisme comme « une maladie transmise socialement, de génération en génération, entraînant des inégalités observées au sein de notre population actuelle » et déclare que « les pédiatres occupent une position unique pour prévenir et atténuer les conséquences du racisme en tant que soutien fiable pour les patients et leurs familles ».

A cet effet, l’AAP invite les pédiatres à prêter attention aux familles issues de communautés minoritaires puis à prendre en compte le racisme dans leurs pratiques cliniques. Autrement dit, les pédiatres doivent être prêts à sensibiliser les familles sur les impacts négatifs du racisme sur leur santé et faire en sorte que les cliniques soient aussi accueillantes pour les patients de tout horizon.

De plus, l’AAP recommande également de diversifier le domaine de la pédiatrie et de former le personnel des cliniques pour qu’il soit plus compétent sur le plan culturel et qu’il fasse preuve d’écoute, d’empathie et de sensibilité dans le traitement de tous les patients. Le rapport appelle également à créer des terrains de jeux sécurisés pour les enfants et des marchés de produits alimentaires sains et abordables pour lutter contre les effets du racisme dans les zones ségrégées et appauvries. Enfin, l’AAP recommande d’allouer plus de fonds de recherche afin d’étudier, de surveiller et de remédier aux effets du racisme sur le long terme sur la santé des enfants.

L’AAP sensibilise les pédiatres et les médecins sur leurs rôles dans le traitement des patients de tous horizons.


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