Une cohorte de scientifiques américains tirent la sonnette d’alarme sur le sort des baleines franches de l’Atlantique Nord : l’espèce court à l’extinction si nous ne faisons rien ! Ce n’est qu’une question de temps avant que ces mammifères ne disparaissent de la surface du globe. 

 

Un bilan catastrophique

L’année 2017 a été une année particulièrement meurtrière pour cette espèce déjà fortement menacée : 17 spécimens sont morts au cours des 12 derniers mois, soit 4 % de la population restante ! Cette importante chute démographique résulterait de deux facteurs : les collisions avec les cargos, et les filets de pêche. Mais ce qui inquiète grandement les scientifiques, c’est la baisse des naissances… En tout et pour tout, il ne resterait qu’une centaine de femelles pour 350 mâles. Problème : elles meurent à un rythme beaucoup plus effrayant que leurs compagnons, ce qui menace dangereusement la survie de l’espèce !

« La situation actuelle des baleines franches est critique, et utiliser nos ressources pour les remettre à flots est d’une importance capitale. »

 

Mark Murray-Brown, consultant à la NOAA.

Le terme extinction n’est pas à prendre à la légère. Il a été prononcé, affirmé et soutenu par John Bullard lors d’un meeting dédié à la régulation de la pêche en Nouvelle Angleterre« Vous devez utiliser le mot « extinction », parce que c’est exactement ce que dessinent les tendances actuelles. ». « C’est quelque chose que nous ne pouvons pas laisser faire. », a ajouté le porte-parole de l’US National Oceanic and Atmospheric Administration. D’après le NOAA, les baleines franches essuient de nombreuses pertes depuis plus de sept années consécutives. Ajoutez à cela des mâles trois fois plus nombreux que les femelles, et une durée de gestation d’un an assortie d’une autre année consacrée à l’éducation de leur petit, et vous avez une extinction programmée si rien n’est fait.

Stress post-traumatique ?

Les scientifiques sont nombreux à s’être penchés sur la dépopulation des baleines franches, et il en ressort deux études particulièrement pertinentes. La première, publiée en novembre dernier, suggère que les baleines se déplacent beaucoup plus que ce que pensaient les scientifiques. Des voyages impromptus en dehors des zones protégées destinés à se rationner en nourriture, au risque de se confronter aux navires et aux filets de pêche.

La seconde, parue il y a peu, accuse directement la pêche industrielle d’avoir un impact considérable sur la reproduction des baleines franches. Les scientifiques se sont penchés sur les excréments des mammifères marins, et les ont scrupuleusement analysés. Ils y ont découvert des « taux stratosphériques d’hormones », ce qui indique un important stress chez des animaux ayant eu maille à partir avec des filets de pêche. Et même lorsqu’elles en réchappent, elle n’en ressortent pas indemnes. C’est ce que l’étude tend à démontrer : les hormones résultant de ce semblant de stress post-traumatique pourraient altérer considérablement leur capacité de reproduction…

Conscients que le pêche constitue la principale menace à la survie des baleines franches, les chercheurs planchent actuellement sur un projet qui, dans l’idéal, concilierait pêche industrielle et préservation de l’espèce ; c’est en tout cas ce que souhaite Elizabeth Burgess, une des auteurs de l’étude consacrée aux hormones de baleine. Bien que la situation demeure critique pour les baleines, elle présente néanmoins un avantage inattendu : les groupes de régulation de pêche sont déjà à pieds d’oeuvre pour régler ce problème, et prêts à appliquer les changements nécessaires. Il reste encore de l’espoir…

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