Vautours, dingos ou autres grands félins… Ces prédateurs de la chaîne alimentaire ont bien souvent une mauvaise réputation et sont craints depuis toujours par l’Homme. Pourtant, ils ont une importance cruciale dans le fonctionnement du monde. De récentes études s’inquiètent du déclin progressif de ces espèces dans de nombreuses régions du globe.
Des grands prédateurs en voie de disparition
C’est un fait : les Hommes ont toujours développé une sorte d’admiration pour les grands prédateurs du monde animal. Mais cette fascination reste teintée d’une peur primaire et viscérale. Quand on parle de tigres ou de léopards, on pense d’abord au danger. Et l’évocation du vautour nous renvoie à l’image du charognard, avide de chair en putréfaction. Pourtant, tous ces animaux (présents en Afrique, en Asie et dans la région amazonienne) sont indispensables à l’équilibre de nos écosystèmes. Plusieurs études récentes affirment qu’ils sont en danger d’extinction… Le message est clair : c’est une très mauvaise nouvelle !
Les chiffres sont sans appel : d’ici 20 ans, les lions d’Afrique sont appelés à disparaître de moitié; les 3/4 des espèces de vautour sont en déclin (notamment en Afrique) et les léopards disparaissent sur 78 % de leurs zones d’habitat. Ces chiffres sont sans précédent et si la tendance ne s’inversait pas, les conséquences écologiques seraient désastreuses. Tout simplement parce que ces animaux sont très utiles.
Des espèces qui régulent la propagation de maladies
Plusieurs études (comme celle publiée dans Nature, Ecology & Evolution) démontrent que les pumas comme les chauve-souris ou les chacals sont précieux pour nos écosystèmes. En chassant et se nourrissant d’insectes, d’animaux ou de cadavres, ils régulent la propagation de maladies et virus dangereux. Les charognards ont un rôle de nettoyeurs dans la nature et tous influent dans la productivité agricole. Cette liste n’étant pas exhaustive, nous n’avons pas encore idée de tout ce qu’ils apportent.
Dans le détail, si l’on sait que 60 % des maladies sont transportées par des animaux, les prédateurs et charognards permettent d’empêcher la propagation, en se nourrissant des contaminateurs. Un exemple simple : à Mumbai (Inde), les léopards protègent la population de la rage en éliminant une partie des chiens errants, porteurs de cette maladie qui tue des milliers de gens chaque année. Même chose pour les renards qui empêchent la propagation de la maladie de Lyme en mangeant des rongeurs. Les exemples sont nombreux. Quant aux vautours, en se nourrissant de charognes, cela empêche que des chiens errants ou des rongeurs le fassent et apportent des maladies dangereuses.
Une aide naturelle pour l’agriculture et l’écologie
Autre utilité des grands prédateurs et des charognards : ils participent indirectement au développement agricole dans le monde. Leurs interventions en zones rurales réduisent le besoin en pesticide. Une étude a prouvé que les chauve-souris réduisent de 2/3 la peste dans les champs de maïs. Soit un gain chiffré en milliards de dollars pour les agriculteurs. Les plantations de café du Sulawesi en Indonésie sont plus fertiles grâce aux oiseaux et aux chauve-souris qui mangent des insectes. Le maïs et le café étant des denrées très demandées dans le commerce, cette « aide » des prédateurs est très précieuse. Par ailleurs, les charognards ont aussi leur utilité pour l’écologie.
En se nourrissant de cadavres d’animaux, des charognards tels que les vautours ou les chacals réduisent la quantité de déchets organiques dans le monde. Par exemple, le chacal doré réduit de près de 13 000 tonnes chaque année les déchets animaux et organiques en Europe. Leur disparition entraînerait des coûts énormes pour trier ces déchets sans parler du danger pour notre santé. Il en va de même pour les vautours qui se nourrissent de carcasses et de déchets organiques, que l’on devrait transporter et détruire autrement. En Espagne, cela représente chaque année une économie de 50 millions de dollars en transports et en traitements de déchets.
Bien entendu, certains de ces prédateurs peuvent représenter un danger pour l’Homme dans certains endroits du globe (exemple du tigre en Inde ou du loup dans les Pyrénées). Cependant, ces espèces sont en déclin à cause du changement climatique, de la perte de leur habitat ou de leur mauvaise réputation. Au vu de leur utilité évidente, une intervention de nos sociétés est nécessaire si l’on veut éviter un désastre écologique.
Par Thomas Le Moing, le
Source: Scientific American
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Catégories: Écologie, Actualités