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Cette nouvelle étude britannique montre que la disparition des espèces composant la mégafaune marine affectera des écosystèmes entiers, en entraînant des pertes de biodiversité fonctionnelle bien plus importantes que ce qu’avaient précédemment estimé les scientifiques.

La mégafaune participe activement au maintien des écosystèmes marins

Les espèces composant la mégafaune marine (requins, baleines, phoques, tortues…) assurent des fonctions écosystémiques essentielles : elles consomment de grandes quantités de biomasse, transportent des nutriments contribuant au maintien des habitats marins et relient également, via leur migration, les différents écosystèmes océaniques.

Dans le cadre de ces nouvelles recherches, présentées dans la revue Science Advances, une équipe de chercheurs de l’université de Swansea s’est attachée à déterminer les répercussions écologiques potentielles associées à la perte de la mégafaune en fonction des caractéristiques propres à chaque espèce la composant.

L’étude a révélé que si rien n’était fait pour enrayer leur déclin, environ une espèce sur cinq de la mégafaune pourrait disparaître au cours des 100 prochaines années, ce qui entraînerait une perte globale de 11 % de l’étendue des fonctions écologiques. Tandis que si l’ensemble des espèces de la mégafaune marine actuellement menacées venaient à disparaître, cette perte s’élèverait à 48 %.

« Nos travaux précédents montraient que la mégafaune marine avait subi une période d’extinction exceptionnellement intense lorsque le niveau des mers a oscillé il y a plusieurs millions d’années. Aujourd’hui, ces nouvelles recherches montrent que leurs rôles écologiques uniques et variés sont confrontés à une menace encore plus grande du fait des pressions humaines », estime Catalina Pimiento, auteure principale de l’étude.

La mégafaune marine regroupe les grands animaux marins dont le poids dépasse 45 kilos

« Si nous perdons des espèces, nous perdons des fonctions écologiques uniques »

Les chercheurs ont commencé par compiler un ensemble de données sur les caractéristiques de toutes les espèces de mégafaune marine connues afin de comprendre l’étendue des fonctions écologiques qu’elles remplissent au sein des systèmes marins. Des caractéristiques telles que la taille, le régime alimentaire et l’aire de répartition ont été utilisées pour déterminer la contribution écologique spécifique de chaque espèce.

En simulant des scénarios d’extinction futurs et en quantifiant la perte potentielle de diversité fonctionnelle, l’équipe a développé un nouvel indice, appelé FUSE, afin d’orienter les futurs efforts de conservation.

Parmi les espèces possédant un indice FUSE élevé figurent notamment la tortue verte, le dugong et la loutre de mer. Les chercheurs estiment que leur accorder une attention particulière participera au « maintien des fonctions écologiques assurées par la mégafaune marine ».

« Si nous perdons des espèces, nous perdons des fonctions écologiques uniques », avance John Griffin, coauteur de l’étude. « C’est un avertissement, nous devons agir maintenant pour réduire les pressions humaines croissantes sur la mégafaune marine, y compris le changement climatique, tout en favorisant le rétablissement des populations. »

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