Vue d’artiste d’une planète errante dans la région de Rho Ophiuchi, où les observations de l’ESO ont récemment permis de découvrir au moins 70 de ces objets — © ESO / M. Kornmesser

Une équipe d’astronomes français a identifié des dizaines de planètes errantes au sein de notre galaxie. Dépourvues d’étoiles hôtes, celles-ci se révèlent notoirement difficiles à repérer en raison de leur faible luminosité.

Une détection record

Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature Astronomy, Hervé Bouy et ses collègues de l’université de Bordeaux ont analysé plus de vingt ans de données collectées par différents télescopes, afin d’identifier des planètes errantes candidates présentant la bonne combinaison de luminosité apparente, de couleur et de mouvement. Leurs recherches se sont concentrées sur une région de formation d’étoiles située à environ 420 années-lumière de la Terre, dans les constellations du Scorpion et du Serpentaire.

Ces zones du cosmos constituent un terrain de chasse privilégié pour les mondes fugitifs, car elles sont davantage susceptibles d’abriter de jeunes planètes, dont la formation remonte à quelques millions d’années seulement, se révélant plus chaudes et émettant par conséquent davantage de lumière.

La masse des planètes errantes a été estimée à partir de leur luminosité, ce qui a rendu impossible la distinction entre certains des mondes les plus massifs et des astres plus faibles/éloignés. Pour cette raison, les chercheurs affirment en avoir trouvé au moins 70, mais peut-être jusqu’à 170, dans une région couvrant une grande partie du ciel nocturne. Il s’agit du plus grand groupe de mondes fugitifs (bien que certains d’entre eux soient probablement éloignés de plusieurs années-lumière) jamais découvert.

« Le fait que certaines de ces planètes aient pu être créées par éjection est intrigant »

D’après les auteurs de l’étude, un tel nombre de mondes dépasse celui prévu dans la région par l’effondrement de noyau, l’une des principales théories de formation des planètes impliquant que les nuages de gaz et de poussière s’effondrent sous l’effet de leur propre attraction gravitationnelle et forment une planète. Ce qui suggère que d’autres phénomènes, tels que l’éjection de leur système stellaire hôte, pourraient donner naissance à ces fameuses planètes vagabondes.

« Le fait que certaines de ces planètes aient pu être créées par éjection est intrigant, car cela nous indique que ces dernières étaient déjà formées à ce moment-là, et nous donne une idée du temps maximum dont une planète a besoin pour s’établir », estime Amaury Triaud de l’université de Birmingham.

Bien que les planètes errantes soient difficiles à repérer en raison de l’absence d’étoile hôte, cela peut aussi les rendre plus faciles à étudier une fois qu’elles sont découvertes. Bouy et son équipe espèrent prochainement analyser leur atmosphère afin de mieux comprendre comment ces mondes, dont les lunes seraient potentiellement habitables, se sont formés.

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