
Lorsqu’il s’agit de diversité ethnique dans l’Angleterre médiévale, on aurait tendance à penser à une mixité principalement européenne. Une récente découverte archéologique vient cependant remettre en question cette image, puisqu’elle a dévoilé une ascendance ouest-africaine chez deux individus enterrés sur la côte sud de l’Angleterre au VIIe siècle.
Les migrants du haut Moyen Âge venaient de plus loin qu’on ne le pensait
Le début du Moyen Âge en Angleterre fut une période d’immigration croissante, les colons affluant sur l’île après l’effondrement de l’Empire romain. Parmi eux figuraient notamment des groupes d’Angles, de Saxons et de Jutes, dont la migration vers l’Angleterre a défini la période anglo-saxonne. Toutefois, l’ampleur des migrations en provenance de régions plus éloignées reste incertaine. Pour mieux comprendre les migrations du début du Moyen Âge en Europe, les chercheurs ont effectué des analyses ADN sur des individus enterrés dans deux cimetières du VIIe siècle dans le sud de la Grande-Bretagne.
Notons qu’un de ces deux cimetières a été identifié pour la première fois dans les années 1980, et diverses recherches et analyses ont permis d’établir un lien avec une colonie peuplée par la croûte supérieure de la société anglo-saxonne. Cette colonie était en grande partie composée d’immigrants venus d’outre-Manche qui ont apporté leur langue et leur culture germaniques en Grande-Bretagne à partir d’environ 450 de notre ère. Ainsi, la plupart des Anglo-Saxons enterrés à Updown avaient des origines nord-européennes. La récente recherche dirigée par des chercheurs de l’université du Lancashire a cependant révélé d’autres origines inattendues.
En effet, d’après les résultats de deux études publiées dans la revue Antiquity, deux des personnes dont les ossements ont été analysés avaient des racines bien plus lointaines. Les archéologues ont déterminé par le biais d’analyses génétiques que ces deux individus avaient des ancêtres africains subsahariens récents, probablement un grand-parent. L’une de ces personnes était une jeune fille ayant vécu dans les années 650 de notre ère. Ses ossements ont été trouvés au cimetière d’Updown, dans le Kent. L’autre était un jeune homme qui a été enterré au cimetière de Worth Matravers, dans le Dorset.
Une étude génétique fascinante
Si l’analyse de l’ADN mitochondrial – qui est transmis d’une mère à son enfant – a révélé que leurs mères étaient probablement originaires d’Europe du Nord ; l’analyse de l’ADN autosomique – issu de chromosomes ne codant pas le sexe biologique – présentait des signes évidents d’ascendance non européenne. C’est par la suite sur la base d’un modèle statistique que les chercheurs ont proposé que les deux personnes avaient chacune un grand-parent d’ascendance africaine, probablement tous deux issus de groupes similaires ayant quitté l’Afrique subsaharienne entre le milieu du VIe et le début du VIIe siècle.
Selon les chercheurs, ces résultats soulèvent de nouvelles questions sur les déplacements longue distance et les interactions démographiques en Grande-Bretagne au début du Moyen Âge. « Nos résultats conjoints soulignent la nature cosmopolite de l’Angleterre au début de la période médiévale, soulignant une population diversifiée avec des connexions éloignées qui étaient néanmoins pleinement intégrées dans le tissu de la vie quotidienne », a conclu le Dr Ceiridwen Jane Edwards, l’un des auteurs de l’étude.
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Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Independent
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