Aller au contenu principal

Des scientifiques observent une dérive inquiétante du plus grand courant marin et craignent pour les écosystèmes

Invisible mais crucial, le courant circumpolaire antarctique relie trois océans et régule notre climat. Des scientifiques alertent : il dériverait sous l’effet du réchauffement, menaçant l’équilibre thermique et biologique de la planète.

Un géant marin qui régule la température de la planète

Le CCA agit comme une ceinture de transmission océanique. En circulant d’ouest en est, il redistribue la chaleur, le carbone et les nutriments dans les mers du globe. Propulsé par des vents puissants, il traverse sans rencontrer d’obstacle continental. Pendant longtemps, les chercheurs ont cru qu’il restait globalement stable dans sa trajectoire.

Mais une récente étude internationale, publiée dans Nature Communications, vient bouleverser cette idée reçue. En analysant des carottes sédimentaires extraites à 3 000 ou 4 000 mètres de profondeur, les scientifiques ont pu remonter le fil de l’histoire du courant. La taille des particules retrouvées dans les sédiments marins leur a permis d’estimer sa vitesse à différentes périodes.

Résultat : durant la dernière période chaude, il y a 130 000 ans, le courant était trois fois plus rapide qu’aujourd’hui. Cette accélération s’expliquerait par des variations naturelles de l’orbite terrestre. Toutefois, elle s’est accompagnée d’un autre phénomène inquiétant : un déplacement du courant vers le sud, de plus de 600 km, entraînant une arrivée massive d’eaux chaudes contre les calottes antarctiques.

Le climat passé éclaire une menace bien actuelle

Si ces événements se sont produits naturellement dans le passé, les chercheurs redoutent désormais un nouveau basculement, mais accéléré par l’Homme. En effet, la hausse actuelle des températures globales semble déjà influencer le CCA. Des modélisations récentes suggèrent que le courant pourrait cette fois dériver vers le nord, contrairement au dernier interglaciaire.

Ce changement de cap n’est pas anodin. En se déplaçant, le CCA modifierait les zones d’échange de chaleur entre les océans. Cela pourrait, par effet domino, altérer la circulation thermohaline, perturber la biodiversité marine et modifier les conditions climatiques de nombreuses régions côtières.

Selon le Dr Michael Weber, co-auteur de l’étude, tout changement dans la vitesse ou la trajectoire du courant peut déclencher une cascade d’effets climatiques. On parle ici d’un mécanisme central du système climatique mondial. Une sorte de soupape géante qui équilibre les températures entre les pôles et les tropiques.

Une sentinelle océanique à surveiller de très près

Pour les scientifiques, le courant circumpolaire antarctique n’est plus simplement un objet d’étude académique. Il devient un indicateur clé du dérèglement climatique en cours. Or, si ce géant marin commence à changer de route, c’est toute la carte énergétique et biologique des océans qui pourrait être redessinée.

Cela implique des conséquences concrètes : élévation accélérée du niveau des mers, perturbation des stocks de poissons, renforcement ou inversion de certains courants côtiers. En d’autres termes, une planète plus instable, plus imprévisible.

C’est pourquoi les chercheurs appellent à une surveillance renforcée du courant et de son évolution. Comprendre les mécanismes passés permet d’anticiper les chocs à venir. Et dans ce cas précis, chaque donnée compte. Car, comme toujours avec le climat, mieux vaut prévenir que subir.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *