La Souricière (The Mousetrap en anglais) est la pièce de théâtre qui totalise le plus grand nombre de représentations consécutives au monde depuis sa création dans le West End de Londres en 1952. Voici sa passionnante histoire.

Portrait d’Agatha Christie

À l’origine, l’œuvre est une pièce radiophonique destinée à être diffusée le 30 mai 1947 en l’honneur de la reine Marie, veuve du roi George V. Elle s’inspire de la mort du jeune Dennis O’Neill décédé en 1945, alors qu’il séjournait dans une famille d’accueil de fermiers du Shropshire.

Agatha Christie va retravailler le texte et le transformer en nouvelle qui, conformément au vœu de l’auteure, ne devra être publié qu’après la dernière représentation théâtrale de la pièce, ce qui explique qu’elle reste à l’heure actuelle encore inédite en Angleterre, où la pièce est jouée sans interruption depuis sa création en 1952.

Elle fait cadeau de ses droits d’auteur à son petit-fils, Mathew Pritchard, pour ses neuf ans, et une seule et unique version est autorisée à être joué hors du West End. Selon les termes du contrat, aucune adaptation cinématographique ne pourra être réalisée tant que le spectacle originel n’aura pas cessé depuis au moins six mois.

Peu de temps avant la première représentation, la pièce, qui s’appelait à l’origine « Trois souris qui n’y voient mie », est rebaptisée « La Souricière » à la demande d’Émile Littler qui avait mis en scène une pièce éponyme dans le West End avant la Seconde Guerre mondiale. Ce nouveau titre suggéré par le gendre de Christie est en fait une allusion à Hamlet, pièce célèbre de Shakespeare.

Les retournements de situation sont nombreuses dans ce huis-clos à suspens

L’intrigue de La Souricière se déroule dans un hôtel. Mollie et Giles Ralston, propriétaires des lieux, se retrouvent piégés par la neige en compagnie de quatre clients et d’un voyageur. Le sergent Trotter arrive à ski et avertit les protagonistes qu’un meurtrier projette de se rendre à l’hôtel. Une des clientes est ensuite retrouvée assassinée : il est déjà sur les lieux.

Dans cette pièce de théâtre à suspense, tous les protagonistes pourraient se révéler être le terrible tueur, et le spectateur se transforme en détective. Conduites étranges, coïncidences et fausses pistes ; tout est pensé pour l’induire en erreur, et c’est cette approche qui va faire le succès de la Souricière à travers le monde.

COÏNCIDENCES ET FAUSSES PISTES INDUISENT LE SPECTATEUR EN ERREUR

Chaque représentation se termine sur la réplique célèbre du policier : « Chers spectateurs, complices du crime, merci d’être venus. Et de ne pas révéler l’identité du meurtrier ».

La façade du St Martins Theatre où la pièce est jouée sans interruption depuis 1974

JOUÉE SANS INTERRUPTION DEPUIS 1952

Depuis 1952, la pièce de théâtre est jouée sans interruption à Londres. Elle a d’abord été jouée au New Ambassadors Theatre avant d’être transférée au St Martin’s Theatre le 25 mars 1974, où elle est encore jouée à l’heure actuelle.

La troupe de comédiens est renouvelée chaque année à la fin du mois de novembre, date anniversaire de la création de la pièce, et la coutume veut que l’actrice principale partage un gâteau souricière avec sa remplaçante.

La Souricière détient aussi le record de la seule pièce ayant conservé un membre de la troupe originale depuis la première (la voix du regretté Deryck Guyler annonçant les nouvelles à la radio), et si le décor a été changé en 1965 et 1999, la pendule originelle posée sur la cheminée du salon a été conservée.

Le 18 novembre 2012, la pièce franchit le cap des 25.000 représentations et les droits d’auteur perçus par le petit fils d’Agatha Christie depuis 1952 dépassent le million de livres sterling.

Pièce à la longévité hors du commun, La Souricière continue d’attirer les foules plus de 65 ans après sa création, et son incroyable succès nous laisse penser qu’elle a encore de beaux jours devant elle.

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