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L’Homme pollue également l’espace : 6 600 tonnes de débris spatiaux gravitent autour de la Terre

Et ce chiffre ne cesse d'augmenter

débris spatiaux
— © European Space Agency / Wikimedia Commons

Au fil des décennies, le nombre de satellites envoyés dans l’espace a considérablement augmenté. Cette activité intense a entraîné une accumulation massive de déchets sur l’orbite terrestre. Selon le dernier rapport de l’Agence spatiale européenne (ESA) sur l’environnement spatial, plus de 6 600 tonnes de débris spatiaux se trouvent actuellement dans l’orbite terrestre basse (LEO), située entre 160 et 2 000 km au-dessus de la Terre. Ce chiffre est en constante augmentation, puisque la NASA l’estimait à 6 000 tonnes l’année précédente.

Une myriade de fragments en orbite

Ce phénomène, largement invisible à l’œil nu, a pourtant des conséquences bien concrètes. Les satellites jouent un rôle crucial dans nos vies quotidiennes, que ce soit pour la navigation, les télécommunications, les observations de la Terre ou encore la sécurité. Josef Aschbacher, directeur général de l’ESA, a rappelé à la chaîne DW l’importance de ces satellites pour le bon fonctionnement de nos sociétés modernes.

Les déchets spatiaux ne sont pas tous de gigantesques carcasses flottant dans l’espace. La majorité est constituée de fragments minuscules, mais potentiellement destructeurs. Ces débris peuvent provenir de collisions entre satellites, d’explosions involontaires ou même de matériaux délibérément largués au cours des missions, tels que des capuchons d’instruments, des outils d’astronautes, des étages de fusée, etc. À cela s’ajoutent les objets dégradés par l’usure ou les incidents en orbite.

Même les plus petits éléments, de l’ordre du millimètre, représentent une menace. Comme l’explique Tiago Soares, ingénieur au Clean Space Office de l’ESA, un fragment d’un centimètre peut libérer autant d’énergie qu’une grenade en cas d’impact. À l’heure actuelle, on estime qu’il y a 1,2 million de débris spatiaux de cette taille en orbite, chacun capable de provoquer une collision et de générer d’autres fragments dans une réaction en chaîne, connue sous le nom d’effet Kessler.

Une prolifération liée au boom spatial

Les modélisations réalisées par l’ESA avec le logiciel MASTER montrent qu’à environ 550 km d’altitude, il y a autant de débris que de satellites actifs. Le risque est donc permanent, et la moindre défaillance peut avoir des répercussions dramatiques.

Depuis les débuts de l’ère spatiale, le nombre total d’objets en orbite, ainsi que leur masse et leur surface combinées, n’ont cessé de croître. Cette augmentation, accentuée par le déploiement de constellations de satellites miniaturisés, a multiplié les collisions accidentelles. Ce phénomène amplifie mécaniquement les risques de fragmentation et d’incidents en chaîne.

Rien qu’en 2024, plusieurs événements majeurs de fragmentation ont été recensés, sans compter d’innombrables incidents de moindre ampleur. Le nombre d’objets nouvellement suivis a dépassé les 3 000, une hausse vertigineuse en à peine un an. Si rien n’est fait pour enrayer cette tendance, l’orbite terrestre pourrait devenir partiellement inutilisable, entravant non seulement les futures missions, mais aussi le fonctionnement des services actuels.

Debris Spatiaux

Des initiatives pour un nettoyage

À ce jour, il n’existe aucune réglementation internationale imposant aux agences spatiales ou aux entreprises de nettoyer les débris en orbite. Il n’existe que des recommandations techniques ou des lignes directrices émises par des institutions telles que l’ESA ou des organisations industrielles.

Les solutions proposées consistent à éviter la libération d’objets inutiles au cours des missions, à favoriser les matériaux qui se désintègrent en fin de vie, à installer des systèmes de passivation (pour désactiver les sources d’énergie restantes), ou à concevoir des engins capables de se consumer complètement lors de la rentrée atmosphérique. Il est également recommandé de concevoir des modules ayant la capacité de s’auto-éliminer en fin de mission.

Des projets concrets commencent néanmoins à voir le jour. L’ESA prévoit pour 2028 le lancement de ClearSpace-1, un vaisseau conçu pour attraper et désorbiter un satellite expérimental de petite taille. Fabriqué par la société suisse ClearSpace, cet engin de 112 kilos utilisera quatre bras pour saisir sa cible. De son côté, la société japonaise Astroscale travaille également à des solutions d’enlèvement actif de débris, dans le cadre d’un contrat avec l’Agence spatiale britannique visant à nettoyer l’orbite de plusieurs satellites inactifs d’ici l’année prochaine.

Si ces projets aboutissent, ils pourraient devenir les premières missions concrètes de nettoyage d’orbite. Toutefois, ces initiatives ne suffiront pas à éliminer rapidement les immenses quantités de débris déjà présents en orbite terrestre basse. Ce processus prendra du temps et nécessitera des efforts coordonnés. Avec l’abaissement des coûts de lancement et la démocratisation des activités spatiales, il devient urgent de penser un modèle durable pour l’orbite terrestre. À mesure que nous multiplions les satellites pour fournir Internet partout sur la planète ou tester des technologies comme la transmission d’énergie solaire, il est impératif de ne pas transformer notre ciel en dépotoir.

Pour rappel, des tonnes de débris polluent déjà Mars.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: New Atlas

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