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Alors qu’ils étudiaient un groupe de dauphins de rivière en Bolivie, des chercheurs ont constaté avec étonnement que deux des cétacés tenaient un anaconda dans leur bec, manipulant le serpent comme un vulgaire jouet.

Une première

Les anacondas de Bolivie (Eunectes beniensis) sont des superprédateurs, trônant au sommet de la chaîne alimentaire et n’étant théoriquement les proies d’aucun autre animal au sein de leur écosystème. À l’exception d’un seul cas de cannibalisme, personne n’avait jamais vu ces reptiles être tués ou mangés par une autre créature sauvage.

Représentant l’une des quatre espèces d’eau douce présentes en Amérique du Sud, les dauphins de rivière boliviens (Inia geoffrensis boliviensis) peuvent mesurer jusqu’à 2,8 mètres de long et possèdent un bec pourvu de nombreuses dents qu’ils utilisent pour dévorer les poissons et les crabes. Cependant, les serpents ne font pas partie de leur régime alimentaire de base.

Le jeu constitue un aspect essentiel de la vie de ces cétacés, offrant l’occasion aux juvéniles de s’exercer et de perfectionner leurs aptitudes (y compris celles liées à la recherche de la nature et à l’accouplement). Selon Omar Entiauspe-Neto et ses collègues, l’étrange scène observée en août dernier et décrite dans la revue Ecology pourrait en constituer une forme jusqu’alors inédite.

Il semble que le serpent se soit beaucoup moins amusé que les dauphins. Créatures semi-aquatiques, les anacondas boliviens peuvent rester entièrement immergés pendant des périodes assez longues, mais il s’avère que certains des six dauphins présents sur les lieux et amenés à tenir le reptile dans leur bec l’ont retenu sous l’eau pendant une durée d’au moins sept minutes, qui aurait suffi à tuer l’animal.

Dauphins lubriques

Si des dauphins juvéniles ont également assisté à la scène, introduisant la possibilité que cette manipulation improbable ait eu un but éducatif, les clichés pris par les chercheurs ont révélé que plusieurs des cétacés jouant avec l’anaconda étaient en érection, suggérant que l’expérience ait pu être sexuellement stimulante pour eux.

Les dauphins étant connus pour leur extrême lubricité (des mâles avaient été précédemment observés en train d’enrouler une anguille vivante et frétillante autour de leur sexe ou de tenter de pénétrer l’évent d’un globicéphale dans un aquarium), les auteurs de l’étude estiment qu’il est probable que certains des spécimens boliviens impliqués aient également tenté d’abuser du serpent.

Nos connaissances au sujet des dauphins de rivière, qui évoluent dans des eaux troubles, s’avèrent nettement plus limitées que pour leurs homologues peuplant les mers et les océans, mais de telles nouvelles découvertes montrent que ces créatures méritent absolument une attention plus soutenue de la part des scientifiques.

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