Nul besoin de télescope pour avoir un aperçu du passé mouvementé de la Lune, dont la surface est criblée de cratères. Récemment, des chercheurs ont daté son plus grand bassin d’impact, se révélant encore plus ancien que prévu.
Le Pôle Sud-Aitken
Barrant la face cachée de la Lune, le Pôle Sud-Aitken, dont la profondeur atteint 13 kilomètres, s’étend sur quelque 2 500 kilomètres. Ce qui fait de lui le plus grand bassin d’impact de notre satellite naturel, et également du Système solaire. En comparaison, Hellas Planitia, sur Mars, mesure 2 200 kilomètres de diamètre et 9,5 de profondeur.
Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Nature Astronomy, une équipe de scientifiques a procédé à la datation de la météorite lunaire Northwest Africa 2995, découverte en Algérie en 2005.
En comparant sa composition chimique à celle de roches du bassin d’impact lunaire, analysées par télédétection lors de la mission Lunar Prospector entre 1998 et 1999, les auteurs de la nouvelle étude ont pu établir une correspondance étroite, impliquant que cette caractéristique géologique spectaculaire se soit formée 120 millions d’années plus tôt que prévu.
« Depuis des décennies, il était largement admis que la période la plus intense de bombardement par impact [de météorites et de comètes] s’était concentrée entre 4,2 et 3,8 milliards d’années, c’est-à-dire au cours du premier demi-milliard d’années de l’histoire de la Lune », écrivent-ils. « La nouvelle datation indique un processus plus beaucoup plus long et graduel. »
Des implications pour la Terre
Selon Romain Tartese, de l’université de Manchester, les implications d’une telle découverte ne se limitent pas au cinquième plus grand satellite naturel du Système solaire.
« Nous savons que la Terre et la Lune ont probablement subi des impacts similaires au début de leur histoire, mais les archives lithologiques de cette dernière ont été perdues », explique le chercheur. « Ce que nous avons appris sur la Lune peut nous fournir des indices sur les conditions qui régnaient sur la Terre à la même époque. »
Pour son équipe, la prochaine étape consistera à analyser des échantillons directs du bassin d’impact, qui pourraient être collectés par le rover lunaire Endurance-A de la NASA, dont le lancement est prévu autour de 2030.
Par Yann Contegat, le
Source: Space
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