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— Leonid Andronov / Shutterstock.com

Au cœur du Mexique, bien avant la grandeur des Aztèques, se dressait Teotihuacan, une cité antique précolombienne dont le pouvoir était étroitement lié à l’obsidienne, un verre volcanique noir et brillant. Une étude récente, publiée dans la revue Ancient Mesoamerica, suggère que les habitants de Teotihuacan étaient profondément fascinés par les miroirs fabriqués à partir de ce matériau, au point que cela a influencé leur pratique rituelle et leur expansion impériale.

Les mystères de Teotihuacan

Teotihuacan, une des plus grandes cités de la Méso-Amérique ancienne, a connu son apogée entre 100 avant J.-C. et 800 après J.-C., soit plus d’un millénaire avant la civilisation aztèque. Cette cité était un centre culturel et économique majeur, connu pour ses impressionnantes pyramides et son urbanisme avancé. Bien avant l’avènement des Aztèques, Teotihuacan influençait une vaste région, imposant son modèle culturel et religieux à travers la Méso-Amérique.

La population de Teotihuacan manifestait une préoccupation particulière pour les objets réfléchissants, notamment les miroirs fabriqués à partir d’obsidienne et de pyrite. Ces objets n’étaient pas de simples ornements ; ils étaient considérés comme sacrés, utilisés par les élites comme instruments oraculaires pour consulter les dieux et prédire l’avenir.

Mais une étude récente du Dr Trenton D. Barnes, du Williams College, affirme que cette préférence pour les surfaces brillantes allait bien au-delà de la simple divination et donnait lieu à des coutumes plutôt horribles. Il affirme que la pyramide du Serpent à plumes, le troisième plus grand édifice de la célèbre cité antique, contient des vestiges de ce culte du miroir.

Le culte du miroir de sang

Le temple est orné de centaines de sculptures monumentales représentant des miroirs d’où émergeait la divinité du serpent à plumes, appelée plus tard Quetzalcoatl par les Aztèques de langue nahuatl. Malheureusement, l’endroit a subi de nombreux pillages depuis sa création vers l’an 200 de notre ère ; néanmoins, l’une des sculptures possède encore les disques d’obsidienne réfléchissants qui étaient initialement placés dans ses orbites.

Les squelettes d’environ 200 sacrifices humains ont été retrouvés sous la pyramide par les archéologues, ce qui en fait le plus grand meurtre rituel jamais perpétré en Méso-Amérique à l’époque. Les nombreux couteaux et pointes de projectiles en obsidienne retrouvés parmi les corps sacrifiés impliquent que l’obsidienne était utilisée pour extraire le sang et mettre fin à la vie humaine de manière cérémoniale. L’obsidienne établit donc un lien direct entre le sang et les miroirs.

Les fondements d’un empire

L’analyse historique montre que l’apogée de Teotihuacan coïncidait avec une augmentation massive de la production et de l’importation d’obsidienne. Cela a permis de sécuriser les matières premières utilisées pour fabriquer les armes brutales de l’empire, tout en donnant accès à davantage de miroirs.

Il est intéressant de noter qu’un grand nombre des victimes sacrificielles découvertes sous la pyramide semblent provenir d’autres pays. La pyramide du Serpent à plumes est interprétée comme un monument de « l’idéologie d’État martialement expansionniste et impérialiste » de Teotihuacan, construit pour formaliser la relation entre le sang et les miroirs et, par conséquent, pour consolider la domination de la ville.

Ainsi, il semble que le culte des miroirs à Teotihuacan ait commencé en même temps que l’utilisation extensive de l’obsidienne pour la production de lames sacrificielles et d’armes de combat. L’association théologique entre le sang et les miroirs est une composante majeure des aspirations impériales de l’État, puisque la création d’un contrôle politique exigeait à la fois des batailles et des sacrifices humains. Par ailleurs, voici 10 faits captivants sur les Aztèques, l’une des civilisations les plus énigmatiques de l’histoire.

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