M. Ellison/©AMNH

Disparu il y a près de 1 300 ans, le mystère semble enfin levé sur le crocodile à cornes de Madagascar. En effet, les scientifiques ont tergiversé pendant longtemps sur la classification exacte de cette espèce. Mais une nouvelle étude réalisée sur des fossiles de l’animal a permis de déterminer que c’est une espèce exceptionnelle qui joue un rôle important dans la compréhension de l’histoire de l’évolution des crocodiles.

Une classification qui a nécessité près de 150 ans de recherches

Connus sous le nom scientifique de Voay robustus (Voay signifiant crocodile en malgache et robustus pour son apparence robuste et sa grande taille puisque l’animal pouvait dépasser les 5 mètres de longueur et peser 150 kilogrammes), ces crocodiles étaient endémiques de Madagascar il y a 9 000 ans. Selon les preuves fossiles, ces animaux vivaient encore il y a 1 300 à 1 400 ans, ce qui signifie qu’ils ont probablement disparu peu après l’arrivée des premiers humains sur la grande île. Découvertes pour la première fois en 1872, les bêtes ont été surnommées les crocodiles à cornes à cause des cornes distinctives de leur crâne.

Depuis leur découverte, ils ont été classés dans plusieurs familles différentes, et récemment parmi les crocodiles nains. Après près de 150 ans de tergiversation sur ce sujet, les crocodiles à cornes ont finalement trouvé leur place sur l’arbre phylogénétique de ces féroces reptiles. Une étude menée par les scientifiques de l’American Museum of Natural History (AMNH) a en effet résolu cette controverse de longue date. Selon l’étude publiée dans la revue Communications Biology, ces crocodiles à cornes sont une lignée sœur du genre Crocodylus, c’est-à-dire les espèces de crocodiles que l’on considère comme de vrais crocodiles.

Ces vrais crocodiles sont notamment les crocodiles du Nil, les crocodiles d’Amérique et les crocodiles d’eau salée. Autrement dit, les scientifiques pensent que les crocodiles à cornes de Madagascar appartiennent ainsi à leur propre genre unique, a rapporté Live Science. Cela signifie notamment que, contrairement à ce qu’ont affirmé des études précédentes, l’espèce n’est ni un crocodile nain ni un vrai crocodile, bien qu’elle soit étroitement liée à ce dernier. Cela signifie également que le crocodile à cornes est en fait l’espèce la plus proche de l’ancêtre commun des crocodiles vivant aujourd’hui.

― Maxim Vasiliev / Shutterstock.com

Une découverte importante pour comprendre l’évolution des crocodiles

Si avoir enfin déterminé la classification de cette espèce est en soi une découverte importante, l’implication de cette classification l’est tout autant. En effet, cela permet une nouvelle perspective pour retracer l’origine des crocodiles modernes, et les chercheurs ont ainsi pu émettre l’hypothèse selon laquelle les ancêtres des crocodiles vivant aujourd’hui sont tous originaires d’Afrique. « Le placement de cet individu suggère que les vrais crocodiles sont originaires d’Afrique et de là, certains sont allés en Asie et certains sont allés dans les Caraïbes et le Nouveau Monde », a expliqué George Amato, coauteur de l’étude, dans un communiqué.

« Nous avions vraiment besoin de l’ADN pour obtenir la bonne réponse à cette question », a-t-il ajouté. Car, en effet, c’est grâce à une analyse ADN de fossiles de crocodiles à cornes que les chercheurs ont enfin pu classer l’espèce de manière plus précise. Les crânes desquels on a extrait l’ADN étaient notamment conservés à l’AMNH et ont été collectés entre 1927 et 1930 durant des expéditions menées dans le sud-ouest de Madagascar. « Ils ont cligné des yeux juste avant que nous ayons les outils génomiques modernes disponibles pour donner un sens aux relations entre les êtres vivants. Et pourtant, ils étaient la clé pour comprendre l’histoire de tous les crocodiles vivant aujourd’hui », a ainsi conclu Evon Hekkala, auteur principal de l’étude.

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