Pour la première fois, des chercheurs ont évalué l’impact de la pollution de l’air sur le nombre de décès dus au Covid-19 à l’échelle mondiale, et déterminé qu’une exposition à long terme était en moyenne responsable de 15 % d’entre eux.
Inflammation et stress oxydatif sévère
Dans le cadre de ces travaux publiés dans l’European Heart Journal, des scientifiques de l’Institut Max-Planck (Allemagne) ont déterminé la fraction de morts qui auraient pu être évitées en l’absence d’émissions nocives liées aux combustibles fossiles. Selon eux, environ 19 % des décès dus au Covid-19 en Europe seraient imputables aux effets cumulés de la pollution atmosphérique sur la santé, contre près de 27 % en Asie de l’Est.
Toutefois, le document rappelle que ces estimations « n’impliquent pas une relation directe de cause à effet entre la pollution de l’air et la mortalité due au Covid-19 », mais font plutôt référence aux relations entre le virus et la pollution de l’air, qui aggravent les conditions de santé préexistantes et peuvent conduire à des complications mortelles.
« Lorsque les gens inhalent de l’air pollué, les très petites particules polluantes, appelées PM 2,5, migrent des poumons vers le sang et les vaisseaux sanguins, provoquant une inflammation et un stress oxydatif sévère, qui engendre un déséquilibre entre les radicaux libres et les oxydants qui réparent normalement les dommages aux cellules », explique le professeur Thomas Münzel.
« Cela provoque des dommages au niveau de la paroi interne des artères, l’endothélium, et entraîne le rétrécissement et le raidissement des artères. Pénétrant également dans l’organisme par les poumons et causant des dommages similaires aux vaisseaux sanguins, le virus est maintenant considéré comme une maladie endothéliale. »
La pollution atmosphérique impliquée dans 18 % des décès dus au Covid-19 en France
L’étude s’est appuyée sur des données provenant d’études antérieures menées aux États-Unis et en Chine, examinant les effets de la pollution atmosphérique, du Covid-19 et de l’épidémie de SRAS en 2003. Ces informations ont été combinées avec des données satellitaires sur les concentrations atmosphériques de PM 2,5 afin de créer un modèle qui pourrait prédire le nombre de décès de coronavirus attribuables à une exposition à long terme aux particules fines.
Les chercheurs ont notamment estimé que la pollution atmosphérique contribuait à 29 % des décès dus aux coronavirus en République tchèque, 27 % en Chine, 26 % en Allemagne, 18 % en France et 16 % en Suède, contre 3 % en Australie et 1 % en Nouvelle-Zélande.
« Lorsque l’exposition à long terme à la pollution atmosphérique et l’infection par le virus sont associées, nous avons un effet négatif supplémentaire sur la santé, en particulier sur le cœur et les vaisseaux sanguins, ce qui entraîne une plus grande vulnérabilité et une moindre résistance face au Covid-19 », estime Münzel. « Si vous souffrez déjà d’une maladie cardiaque, la pollution de l’air et l’infection par un coronavirus provoqueront des troubles qui pourront entraîner des crises cardiaques, une insuffisance cardiaque et des accidents vasculaires cérébraux. »
Un double effet mettant en évidence la nécessité de réduire les émissions anthropiques
Les chercheurs allemands font également référence à des études antérieures ayant suggéré que les fines particules de la pollution atmosphérique pouvaient prolonger la durée de vie des virus infectieux dans l’atmosphère, les aidant ainsi à se propager davantage.
« Les particules semblent augmenter l’activité d’un récepteur à la surface des cellules, appelé ACE-2, qui est connu pour être impliqué dans la façon dont le Covid-19 infecte les cellules », souligne Münzel. « Nous avons donc un double effet, avec la pollution atmosphérique qui endommage les poumons et augmente l’activité de l’ACE-2, qui à son tour entraîne une meilleure absorption du virus par les poumons et probablement par les vaisseaux sanguins et le cœur. »
Selon les auteurs de l’étude, ces résultats mettent en évidence la nécessité de réduire rapidement les émissions anthropiques, via la transition vers une économie verte, car si la possibilité de trouver un remède efficace contre le coronavirus existe, il n’y aucune chance de trouver un vaccin contre le changement climatique et la mauvaise qualité de l’air.
Par Yann Contegat, le
Source: Eurekalert
Étiquettes: coronavirus, covid-19, sars-cov-2, atmosphérique, mort, air, deces, pollution
Catégories: Actualités, Santé
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