Des fouilles archéologiques en Haute-Égypte ont mis au jour des crânes de moutons aux cornes étonnamment modifiées, révélant une pratique méconnue des anciens Égyptiens. Cette découverte pourrait être la plus ancienne preuve connue de modification des cornes de bétail par l’Homme, datant de près de 3700 ans avant notre ère. Mais pourquoi ces modifications étaient-elles pratiquées ? Et que nous apprennent-elles sur les relations entre l’Homme et l’animal dans l’Antiquité ?
Une découverte surprenante dans une nécropole égyptienne
Les fouilles réalisées dans le complexe funéraire de Hiérakonpolis, en Haute-Égypte, ont mis au jour les restes d’au moins six moutons mâles de grande taille qui avaient été castrés. En examinant les crânes, les chercheurs ont constaté que les cornes de ces animaux ne poussaient pas dans leur orientation naturelle vers les côtés, mais étaient dirigées vers le haut. Dans certains cas, elles avaient même été complètement enlevées.
Cette découverte suggère que ces déformations étaient intentionnelles. Selon une étude publiée dans le Journal of Archaeological Science, les anciens Égyptiens auraient manipulé les cornes en les fracturant puis en les liant à leur base pour les forcer à croître de façon parallèle et verticale. Dans trois cas, cette manipulation a donné lieu à des cornes droites et parallèles.
La modification des cornes
Aujourd’hui encore, dans de nombreuses régions du monde, les éleveurs modifient les cornes des animaux pour faciliter leur manipulation et éviter les blessures entre eux. Si cette pratique a été observée dans des études antérieures remontant à l’Égypte ancienne, son origine précise reste floue.
Les éleveurs pratiquent ce type de manipulations pour limiter les risques de blessures entre les bêtes ou pour faciliter leur manipulation par les humains. Les anciens Égyptiens, société profondément agraire, utilisaient le bétail pour répondre à divers besoins alimentaires : viande, moelle, graisse et produits laitiers étaient essentiels à leur subsistance.
Mais dans un environnement où le contact quotidien avec des animaux pouvait être dangereux, modifier les cornes des moutons et des bovins permettait de réduire les risques de blessures accidentelles pour les éleveurs. Cette pratique pourrait donc avoir été motivée par des raisons de sécurité et d’efficacité dans la gestion du bétail.
Des pratiques anciennes ancrées dans la culture égyptienne
Les plus anciennes représentations d’animaux aux cornes modifiées se retrouvent dans des fresques datant de l’Ancien Empire, soit entre 2686 et 2160 avant J.-C. Cependant, les crânes de moutons récemment mis au jour à Hiérakonpolis sont antérieurs à cette période, suggérant que ces techniques étaient déjà connues bien avant.
Cette découverte montre que les anciens Égyptiens avaient développé des savoir-faire spécifiques pour modeler la morphologie de leur bétail, démontrant une expertise agricole et une compréhension approfondie de l’anatomie animale. Ainsi, modifier les cornes des moutons est une pratique qui pourrait remonter aux débuts de l’agriculture dans la vallée du Nil, contribuant à la domestication et au contrôle des animaux au sein de cette civilisation prospère. Par ailleurs, voici 5 merveilles de l’Égypte ancienne qui ne sont pas des pyramides.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Independent
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