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Des scientifiques américains ont enfin découvert la raison pour laquelle le cours du Nil n’avait jamais changé. Leurs travaux ont également révélé que ce fleuve emblématique était six fois plus ancien qu’on ne le pensait auparavant.

Un processus géologique complexe

Les anciens Égyptiens considéraient le Nil comme la source de toute vie. Pendant des millions d’années, ce cours d’eau mythique, long de 6 700 kilomètres, a nourri les vallées fertiles du nord-est de l’Afrique et, ce faisant, a façonné le cours de la civilisation humaine. Si le cours des fleuves les plus anciens a habituellement tendance à se déplacer au fil du temps, ce n’est pas le cas du Nil.

Les chercheurs ont enfin découvert pourquoi : sans les mouvements du manteau terrestre, ce fleuve se jetant dans la méditerranée aurait probablement dévié à l’ouest il y a bien longtemps, ce qui aurait par la même occasion contribué à changer le cours de l’histoire du continent africain.

Ces travaux devraient mettre un terme au débat concernant l’âge du fleuve, et démontrer que le lent mouvement du manteau terrestre constitue l’une des principales forces qui façonnent le paysage et les processus géologiques de notre planète. Comme l’a précisé Claudio Faccenna, professeur en géologie à l’université Roma Tre et co-auteur de l’étude : « Une convection du manteau terrestre sous la région du Nil a façonné la topographie pendant les 30 derniers millions d’années, induisant une élévation du dôme éthiopien et un léger affaissement de la croûte terrestre du nord de l’Égypte. Ce mouvement des roches terrestres a maintenu le bassin du Nil sur son cours actuel depuis toutes ces années. »

Le Nil est bien plus ancien qu’on ne le pensait auparavant

L’analyse géologique des sédiments recueillis par les scientifiques dans la région du Nil Bleu a par ailleurs révélé que le début de leur accumulation remontait jusqu’à 30 millions d’années en arrière. Ce qui a été confirmé par des simulations informatiques. Les auteurs de l’étude sont parvenus à reconstituer les évolutions du paysage du Nil en modélisant la convection inversée, qui représente le mouvement à rebours des plaques tectoniques dans le temps. Un véritable tour de force uniquement rendu possible par l’emploi de technologies informatiques de pointe. À leur grande surprise, les chercheurs sont également parvenus à reconstituer la formation des rapides le long du fleuve, appelés cataractes.

Comme l’a expliqué Petar Glisovic, chargé de recherche en géologie à l’université du Texas à Austin et co-auteur de l’étude, ces découvertes représentent « des années de travail » et n’auraient pas été possibles sans le concours de nombreux collaborateurs à l’échelle internationale. De son côté, Eric Kirby, professeur à l’université d’État de l’Oregon, estime que la combinaison de diverses données géologiques et d’une modélisation géophysique ultra-détaillée s’est révélée essentielle pour la recherche. « Sans l’un ou l’autre de ces éléments, il aurait été impossible d’obtenir un résultat aussi convaincant », a-t-il précisé.

L’équipe de chercheurs entend désormais appliquer cette technique à d’autres fleuves majeurs, comme le Yangzi Jiang, plus long fleuve d’Asie, ou le Congo en Afrique centrale.

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