Nous vivons dans une société de consommation très industrialisée, et pour cette raison, il arrive souvent qu’on ignore ce que l’on consomme réellement. C’est ce qui s’est passé en Australie. Les consommateurs ont mangé des requins en voie de disparition sans le savoir.
« Flake » : un terme ambigu pour désigner la chair de requin
Les Australiens sont particulièrement friands de fish and chips, un plat de poisson pané accompagné de frites. Ils aiment particulièrement les fish and chips faits avec de la chair de requin appelée « flake ». Généralement, les flakes font surtout référence à deux espèces d’émissoles, dont l’émissole gommée (ou « gummy shark » en anglais). D’ailleurs, les normes australiennes stipulent que seules ces deux espèces de requins devraient normalement être désignées par le terme « flake ».
Malgré cela, le terme reste très générique et désigne en fait la chair de requin en général, quelle que soit l’espèce de requin, y compris celles en voie de disparition. Profitant de cette description vague du terme, des industriels peu scrupuleux ont effectivement utilisé de la chair d’espèces de requins en voie de disparition dans leurs fish and chips, ont dénoncé les chercheurs de l’université d’Adélaïde dans une étude publiée dans la revue Food Control.
Les commerçants ignorent également ce qu’ils vendent
Pour aboutir à leurs conclusions, les chercheurs ont analysé l’ADN des échantillons de poissons vendus dans 96 magasins de fish and chips et 10 détaillants de poisson frais à Adélaïde et sur toute la côte sud de l’Australie. Les résultats ont montré que 23 % des échantillons contenaient de la chair d’espèces de requins répertoriées comme menacées d’extinction par l’UICN, dont le requin-taupe bleu et le requin-marteau lisse. Les chercheurs ont aussi découvert que seuls 27 % contenaient effectivement des émissoles gommées.
Dans les différents échantillons, les chercheurs ont en effet identifié huit autres espèces de requins, dont trois espèces introuvables dans les eaux australiennes. Enfin, des enquêtes auprès des détaillants ont permis de déterminer que seul un vendeur de poisson sur dix était capable d’identifier correctement le type de poisson qu’il vendait. De plus, 20 % des filets de poisson vendus étaient mal étiquetés, et les 80 % restants avaient un étiquetage ambigu, ont expliqué les chercheurs dans un communiqué.
En plus de faire du tort à des espèces qui sont menacées de disparition, ces fraudes dans l’usage d’espèces non autorisées et dans les imprécisions d’étiquetage pour les fish and chips posent également des problèmes de santé publique. Il faut savoir que si la consommation de la chair de diverses espèces de requins est interdite – outre le cas des espèces protégées –, c’est parce qu’elle peut contenir des quantités élevées de mercure et d’autres toxines dangereuses pour les humains. « Nos résultats soulignent la nécessité de directives nationales ou de lois d’étiquetage plus claires pour les filets de requin », a ainsi conclu Ashleigh Sharrad, auteure principale de l’étude.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: ZME Science
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