Dans la région autonome de Xinjiang, au nord-ouest de la Chine, le gouvernement procède actuellement à des relevés ADN de la population, principalement la communauté Ouïghours, afin d’enrichir sa base de données. La publication d’un rapport de Human Rights Watch alerte sur une situation qui paraît inquiétante.

Collecte de données en Chine: un scénario digne d’une dystopie

En octobre 2016, le Daily Geek Show publiait un article sur la mise en place d’un Big Brother chinois. L’objectif de ce dispositif était de récolter des informations personnelles des habitants du pays dans un Big Data pour leur donner une note. Note qui servirait alors à décomposer les bons comportements ou punir les mauvais. Après les informations personnelles, les autorités s’attaquent désormais aux propriétés génétiques de ces habitants.

Elles récoltent actuellement et de façon massive, les échantillons ADN de sa population et principalement de la minorité Ouïghours dans la région de Xinjiang. Un début de scénario alarmant qui ne finit généralement jamais bien dans de nombreuses oeuvres dystopiques. La revue Nature, appuyé par le rapport de Human Rights Watch, a donc enquêté pour comprendre ce comportement digne d’un « système orwellien ».

C’est dans la région du Nord-Ouest de la Chine du Xinjiang que ce font la plupart des contrôles

Un équipement trop important pour de simples routines médicales

Actuellement, la police de la région du nord ouest du Xinjiang disposerait d’équipements et d’outils pouvant analyser jusqu’à 2000 échantillons sanguins par jour. Elle augmente également sa capacité à analyser les informations génétiques de la population. Selon Sumio Sugano, chercheur en géologique à l’Université de Tokyo, cet équipement est bien trop important pour de la médecine légale de routine.

Les autorités de Xinjiang ont fait l’acquisition d’au moins huit séquenceurs, produit dans le Massachussetts, pouvant être utilisés pour regarder de courtes étendues d’ADN qui ont tendance à varier entre les individus. Ces machines sont généralement utilisées sur des scènes de crime, afin de faire correspondre les échantillons prélevés avec des personnes inscrites dans une base de données. La police a également acheté quatre autres séquenceurs ayant le même but, mais produit à l’intérieur du pays.

Un tel équipement servirait donc à traquer la population, dont les codes génétiques seraient compilés dans une base de données. Un séquenceur d’ADN de « prochaine génération » a également été acheté précise la Revue Nature. Celui-ci irait plus loin dans son analyse des échantillons génétiques, il pourrait déterminer l’ascendance, la couleur des yeux et autres caractéristiques physiques chez un individu.

Selon certains chercheurs, l’équipement obtenu par les autorités chinoises servirait à faire plus que de simples contrôles médicaux

Ficher la population est une pratique courante en Chine

Depuis le début des années 2000, le gouvernement chinois enrichit sa base de de données nationale fichant sa population. Elle accumulerait aujourd’hui 44 millions d’entrées provenant de 40 millions d’individus. La police chinoise déclare utiliser cet outil seulement dans le but de résoudre des crimes. Cependant, selon le rapport de Human Right Watch il y a actuellement en Chine de nombreuses campagnes de propagande pour « amasser des données biométriques des citoyens ordinaires ». Une opération qui semblerait donc éloigner de la résolution de crimes comme l’indique les autorités.

Pourtant de nombreux chercheurs n’y voient ici pas d’alerte majeure. En effet, selon eux le renforcement de la capacité d’analyse du Xinjiang ne se distingue pas spécialement des autres utilisations des empreintes génétiques faites dans le monde. Sara Katsanis, chercheuse en politiques génétiques à l’Université Duke en Caroline du Nord déclare même que « l’expansion de la surveillance de la police est attendue par toute nation civilisée ».

Le gouvernement chinois a intensifié sa présence sécuritaire dans la région du Xinjiang

Un manque de régulation concernant la collecte d’ADN

Cependant, la façon dont est collecté l’ADN en Chine est inquiétante, d’autant plus au Xinjiang qui connait une forte période de troubles depuis des décennies. Selon un rapport de Human Rights Watch datant de l’année dernière, les citoyens Ouïghours du Xinjiang étaient obligés de fournir un échantillon de leur sang afin d’obtenir un passeport. En mars 2017, 17,5 millions de personnes, dont une grande partie de la communauté Ouïghour, avait reçu des examens de santé en masse, y compris des analyses de sang. Il a été révélé récemment que la plupart de ces personnes ont été forcées à réaliser ces examens. Compte tenu du climat tendu dans cette région de la Chine, ces examens paraissent alors peu désintéressés.

Actuellement en Chine, le profilage ADN est monnaie courante. En effet, il n’y a pas de cadre juridique clair concernant la collecte et l’utilisation des échantillons génétiques. Ils peuvent donc être utilisés par le Gouvernement ou les autorités sans qu’il y ait une quelconque protection de ceux-ci pour les citoyens. Pour Megan Allyse, chercheuse en éthique biomédicale à la Clinique Mayo dans le Minnesota, il faudrait « un large consensus international sur l’utilisation appropriée de l’ADN dans les collections de sécurité nationale ».

La communauté OuÏghour présente au Xinjiang est principalement visé par ces prélèvements
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