La plaine de Nullarbor, au sud de l’Australie, a récemment révélé une immense cicatrice, visible grâce à des images satellites. Cette découverte inattendue raconte l’histoire d’une tornade puissante et méconnue qui a transformé le paysage en 2022. Si cet événement est passé inaperçu au moment où il s’est produit, les recherches menées depuis ont permis d’en tirer des enseignements sur les phénomènes météorologiques extrêmes dans des régions isolées. Les résultats sont publiés dans le Journal of Southern Hemisphere Earth Systems Science.
Un phénomène météorologique insoupçonné
La découverte remonte au début de l’année, lorsqu’un spéléologue explorant la région à l’aide de Google Earth a repéré une formation inhabituelle sur le terrain. Cette cicatrice, longue de plusieurs kilomètres, a rapidement attiré l’attention de chercheurs spécialisés en karst et en phénomènes naturels extrêmes. En analysant les images satellites, ils ont établi que cette marque avait été laissée par une tornade d’une puissance exceptionnelle, dont l’existence n’avait jusqu’alors pas été détectée.
À l’exception de l’Antarctique, tous les continents ont connu des tornades. Elles sont associées principalement aux États-Unis, ainsi qu’aux régions du nord-est de l’Inde et du Bangladesh. Avec des vitesses de vent dépassant souvent les 200 kilomètres par heure, les tornades sont de puissantes colonnes d’air en rotation qui descendent des orages jusqu’au sol. Elles ont le pouvoir de faire des ravages en déracinant des arbres, en détruisant des bâtiments et en dispersant des débris sur de vastes étendues.
Depuis la première tornade documentée en Australie en 1795, les scientifiques ont recensé plusieurs épisodes significatifs, notamment dans les régions de Victoria et d’Australie-Méridionale. Parmi les exemples récents figure la tornade de 2013, qui a causé des dégâts majeurs dans le nord-est de Victoria, avec des vents atteignant 300 km/h. En 2016, une série de tornades a frappé le centre et l’est de l’Australie-Méridionale, provoquant des destructions considérables.
Une cicatrice révélatrice
S’étendant sur 11 kilomètres de long et jusqu’à 250 mètres de large, la cicatrice étudiée présente des marques caractéristiques de l’action des tornades, notamment des motifs cycloïdaux laissés par les vents tourbillonnants. Ces observations suggèrent que l’événement correspondait à une tornade de catégorie F2 ou F3, capable de générer des vents de plus de 200 km/h. Les chercheurs estiment que la tornade, qui s’est produite entre le 16 et le 18 novembre 2022, a suivi un trajet d’ouest en est, en lien avec un front froid traversant la région à ce moment-là.
L’équipe de recherche a également noté que le vent circulait dans le sens des aiguilles d’une montre. Bien que de courte durée – probablement entre 7 et 13 minutes – la tornade a modifié de manière significative le paysage en érodant le sol et en décimant la végétation. Malgré l’absence de dommages aux infrastructures humaines, la tornade a laissé une empreinte durable sur le paysage, modifiant le sol et la végétation. Dix-huit mois après son passage, la cicatrice reste visible, en raison de la lenteur de la régénération végétale dans ce milieu aride.
Une meilleure anticipation des tornades
Les régions comme Nullarbor restent peu étudiées en raison de leur isolement et du manque de témoins. La cicatrice laissée par la tornade de 2022 est ainsi une découverte précieuse pour les chercheurs, car elle fournit des indices sur la fréquence et l’intensité de ces événements dans une région rarement observée. Notamment, il est intéressant de noter que les rares tornades documentées dans cette plaine ont toutes eu lieu en novembre.
Cette découverte met en lumière la puissance des tornades, même dans des régions reculées. Elle souligne également l’importance de technologies telles que l’imagerie satellitaire pour détecter et analyser des événements météorologiques autrement passés inaperçus. En identifiant les conditions propices à la formation de tornades dans des zones comme Nullarbor, les scientifiques espèrent mieux comprendre et anticiper ces phénomènes.
Les résultats de ces recherches rappellent aussi que les tornades, bien que rares dans certaines régions, peuvent survenir à tout moment, avec des conséquences potentiellement destructrices. Les connaissances tirées de cette étude contribueront à renforcer les efforts de prévision et de préparation face aux prochains événements. Par ailleurs, le plus grand cratère sur Terre vieux de 545 millions d’années a été découvert en Australie.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Science Alert
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