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Les Chinchorros, la civilisation qui pratiquait la momification 2 000 ans avant les Égyptiens

La momification n’est pas une exclusivité du peuple égyptien

momie
— cristianzenon / Shutterstock.com

Avant les splendeurs des sarcophages égyptiens, une autre civilisation avait déjà percé le secret de l’éternité. Nichée dans les replis arides du désert d’Atacama, la culture des Chinchorros a initié des rites funéraires sophistiqués bien avant leurs homologues du Nil. Ce voyage dans le temps révèle l’ingéniosité des premiers artisans de la vie après la mort.

Les pionniers de la momification

Au Chili, dans le désert d’Atacama, les Chinchorros, une société de chasseurs-cueilleurs, ont été les premiers à pratiquer la momification, une technique qui allait devenir leur marque de fabrique culturelle. Cette pratique commence bien avant la grande ère des pyramides, avec des preuves remontant à 5050 av. J.-C. Il s’agit de la plus ancienne forme de momification connue, antérieure de milliers d’années à celle des Égyptiens. La plus ancienne momie jamais trouvée en Égypte, des restes momifiés vieux de 4 300 ans, a été révélée par des archéologues égyptiens en janvier 2023. 

Ce qui est remarquable, c’est que les Chinchorros n’ont peut-être pas intentionnellement commencé à momifier leurs morts. Dans l’aridité extrême de leur environnement, les corps enterrés se conservaient naturellement, ce qui pourrait avoir inspiré la tradition de préservation. Le corps le plus ancien, datant d’environ 9 000 ans, a été retrouvé près d’Arica, au Chili, dans le lit d’une rivière asséchée nommée Acha. Malgré la décomposition partielle, il a été possible de déterminer qu’il s’agissait d’un homme décédé entre 25 et 30 ans, surnommé « l’homme d’Acha ».

Le peuple de la mer

Les Chinchorros vivaient le long des côtes et tiraient leur subsistance de la mer, d’où leur nom qui se rapporte aux filets de pêche. Leur régime alimentaire riche en fruits de mer et leur proximité avec l’océan ont non seulement influencé leur mode de vie quotidien mais aussi leurs pratiques funéraires. Le rôle central de la mer est reflété dans les méthodes de préservation de leurs défunts, avec des techniques qui semblent évoquer leur lien avec l’eau et la vie maritime.

La persévérance des Chinchorros dans l’adversité du désert non polaire le plus sec du monde est un témoignage de leur résilience. Ils ont non seulement survécu mais ont prospéré, développant des techniques de momification avancées qui ont résisté à l’épreuve du temps. Leurs momies, lorsqu’elles sont découvertes, présentent souvent encore leurs atours originels, indiquant une société qui valorisait grandement les rituels de passage et le respect des ancêtres.

Les techniques avancées de momification

Le processus de momification des Chinchorros était méticuleux et avant-gardiste. S’inspirant peut-être des corps conservés naturellement par le désert, ils ont commencé à préparer délibérément leurs morts pour l’au-delà. Ces méthodes ont donné lieu à des momies remarquablement préservées qui possèdent encore aujourd’hui une grande valeur historique et archéologique. Inspirés par le phénomène naturel, les Chinchorros ont commencé à momifier délibérément leurs morts il y a 7 000 ans.

Les momies Chinchorro n’étaient pas seulement conservées ; elles étaient créées avec une intention esthétique et spirituelle. D’après l’UNESCO, des sites Chinchorro datant de 5450 av. J.-C. incluent des momies fabriquées artificiellement, préservées avec leurs vêtements et parures originales. Les techniques de momification évoluaient constamment, reflétant un dialogue continu entre les vivants et leurs morts, entre l’Homme et son environnement.

— © Andrea021 / Wikimedia Commons

Le défi de la conservation moderne

En 2021, l’UNESCO a inscrit les sites funéraires des Chinchorros au patrimoine mondial, reconnaissant leur importance culturelle universelle. Pourtant, le changement climatique altère l’environnement du désert d’Atacama, ce qui met en péril l’état de conservation des momies. Certaines ont commencé à se détériorer, se transformant en une substance noire et mettant en lumière l’urgence de trouver des solutions pour préserver ce patrimoine irremplaçable.

Les momies Chinchorro ont résisté à l’épreuve du temps, mais leur avenir face aux défis climatiques actuels reste incertain. Leur préservation est non seulement un défi mais aussi une responsabilité collective, nécessitant une action globale pour garantir que les générations futures puissent témoigner de ces reliques de l’histoire humaine.

Par ailleurs, un ancien manuel égyptien révèle les secrets de la momification.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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