Largement soutenu par la frange nationaliste, le gouvernement japonais a annoncé ce vendredi 26 décembre son intention de reprendre la pêche commerciale de la baleine. Une décision qui fait grincer des dents, notamment chez les militants écologistes.
Une décision radicale qui s’inscrit dans un contexte politique tendu
Après plus de trente ans de respect apparent du moratoire sur la chasse à la baleine mis en place par le CBI (commission baleinière internationale), le Japon reprendra bel et bien la pêche à la baleine « d’ici à la fin de l’année » a annoncé Tokyo vendredi dernier. Une décision qui se fait au grand dam de la communauté internationale, mais qui prend racine dans les nombreux conflits qui ont opposé les membres de la CBI au Japon ces derniers temps.
En septembre dernier, l’archipel avait en effet proposé aux 89 pays membres un texte intitulé « Le chemin à suivre », et prévoyait de faire cohabiter le chasse à la baleine et la préservation de l’espèce, en proposant des quotas de pêche pour les espèces en nombre suffisant, pour une pêche à la baleine dite « plus responsable ».
Un texte qui avait connu une vive opposition, notamment de la part de l’Australie, de l’Union Européenne et des Etats Unis, et qui avait récolté 41 voix contre, 27 voix pour et deux abstentions.
Un résultat estimé décevant pour le Japon, qui avait alors menacé de se retirer de la commission baleinière internationale si aucune solution à long terme n’était trouvée. Le pays deviendra alors le troisième du monde à autoriser la pêche du mammifère, avec l’Islande et la Norvège.
Une décision vue comme rétrograde à l’international
Au niveau international, l’incompréhension demeure: pourquoi vouloir à tout pris rétablir la chasse à la baleine, alors que la consommation en 2015 de cette viande avoisine dans les faits les 4 à 5 000 tonnes par an, soit un peu moins de 40 grammes par japonais et par an ?
Les réactions des associations face à cette décision ne se sont pas faites attendre, et Greenpeace a notamment déclaré :
« Il est clair que le gouvernement tente de faire passer cette annonce en douce à la fin de l’année, loin des projecteurs des médias internationaux, mais le monde n’est pas dupe. La décision du Japon est en décalage complet avec la communauté internationale, et fait fi de la nécessité de protéger nos océans et ces créatures majestueuses. »
Une décision malheureuse, mais qui devrait lever le voile sur l’hypocrisie liée sur la chasse à la baleine au Japon : dans les faits, l’interdiction de la chasse à la baleine n’a été que peu appliquée au Japon, qui profitait d’un flou juridique autorisant la pêche à la baleine « à des fins scientifiques ».
De plus, le Japon a fait part de sa décision de limiter la pêche à la baleine « aux eaux territoriales et à la zone économique exclusive japonaise ». Une mesure qui devrait limiter le champ d’action des Japonais en les privant de pêche en Antarctique, lieu favorisé aujourd’hui par les pêcheurs japonais en raison de leur grande concentration de baleines.
Si le gouvernement souhaite autant inscrire la chasse à la baleine dans son patrimoine historique, c’est pour une raison simple : il s’agit pour beaucoup de japonais d’une tradition ancestrale et d’une fierté nationale, et la présence d’un diktat étranger semble à nombre d’entre eux déplacé.
Il faut cependant rappeler que la consommation de viande de baleine s’est popularisée au Japon à la suite de la Seconde Guerre mondiale, par nécessité car la viande se faisait rare : on estime que 45% de la viande consommée entre 1947 et 1949 était de la viande de baleine.
Mais aujourd’hui, l’archipel n’est plus vraiment friand de cette viande et 88,8 % des japonais affirmaient en 2012 n’avoir pas consommé de viande de baleine ou très peu.
Un constat qui questionne la réelle motivation de cette pêche et qui interroge sur la position du Japon face à la nécessité de protection d’une biodiversité qui se fragilise de jour en jour…