À chaque baisse de résultats, les médias européens annoncent la fin de Tesla. Pourtant, la firme californienne résiste, se réinvente et inspire. Ce fantasme collectif d’un effondrement imminent en dit plus sur la vision européenne de l’échec que sur la solidité réelle du constructeur américain.

Une baisse des ventes ne suffit pas à annoncer l’effondrement de Tesla
Début 2025, entre les polémiques autour d’Elon Musk et un ralentissement des ventes, beaucoup ont crié à la chute de Tesla. Certains clients se sont détournés de la marque, mais l’explication principale tenait à un renouvellement de gamme, notamment le Model Y.
Comme souvent, les résultats temporaires ont été surinterprétés. Pourtant, les mêmes prévisions de faillite ressurgissent à chaque creux dans les chiffres. Un scénario quasi rituel dans une partie de la presse européenne.
Tesla est régulièrement décrite comme une entreprise « au bord du gouffre » dès qu’un trimestre déçoit. Or, ses ventes mondiales n’ont jamais chuté de façon structurelle. Le constructeur affiche une santé globale que beaucoup d’acteurs traditionnels envieraient.
Entre prédictions alarmistes et regards divergents chez les industriels
Carlos Tavares, ex-patron de Stellantis, affirme dans sa biographie que Tesla est dans une impasse stratégique. Selon lui, Musk finira par quitter le secteur automobile, dépassé par les géants chinois. Il évoque une entreprise incapable de se réinventer dans un secteur en mutation constante.
Mais Antonio Filosa, son successeur, ne partage pas ce pessimisme. Lors de la journée de la filière auto, il saluait Tesla comme « une source d’inspiration », soulignant ses innovations en logiciel, fabrication et électrification. Une approche plus nuancée, et sans doute plus en phase avec le terrain.
Ce clivage montre bien la difficulté à évaluer objectivement une entreprise qui continue de bousculer les codes. Tesla dérange autant qu’elle inspire, surtout en Europe, où la réussite flamboyante agace parfois plus qu’elle ne séduit.
L’erreur européenne de juger Tesla sur ses seuls chiffres du Vieux Continent
Le mois d’octobre fut mauvais en Europe, oui. Mais Tesla vend par cycles de trois mois, avec des creux attendus suivis de sprints de livraisons. En septembre, le Model Y a été le véhicule le plus vendu du continent. De quoi relativiser les variations ponctuelles.
L’Europe ne représente qu’environ 20 % des ventes de Tesla. Le constructeur s’appuie surtout sur les marchés américains et chinois, toujours très dynamiques. Une baisse européenne n’annonce donc pas une faillite globale.
Ce prisme européen est trompeur. Il alimente une lecture biaisée des performances réelles de la marque. Et surtout, il oublie que Tesla reste aujourd’hui un acteur central de l’électrification mondiale.
Tesla ralentit, pivote, mais reste au cœur de la révolution automobile
Tesla ne tient plus ses promesses de croissance de 50 % par an. Le contexte a changé, la concurrence est rude, et Musk mise désormais sur l’IA et les robotaxis pour relancer l’élan. Un pari risqué, mais qui correspond à son ADN d’innovateur.
L’entreprise cherche à ouvrir un nouveau cycle. Et même si son modèle économique est critiqué, ses choix technologiques, de l’autonomie logicielle aux méga-usines, restent observés de près par l’ensemble du secteur.
Tant que ses modèles dominent les classements et que ses usines tournent à plein, parler de sa fin relève du fantasme. Tesla n’est peut-être plus l’étoile montante, mais elle n’est certainement pas une étoile morte.
Par Eric Rafidiarimanana, le
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