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Le changement climatique aurait provoqué l’extinction des premières espèces humaines

Selon les chercheurs à l'origine de ces travaux, celui-ci constituerait même le principal facteur ayant conditionné leur disparition

S’appuyant sur la modélisation informatique et différents enregistrements fossiles, une équipe de scientifiques italiens a déterminé que des changements climatiques soudains pourraient avoir été un facteur important de l’extinction des premières espèces humaines.

Un « vortex d’extinction »

Dans le cadre de travaux récemment présentés dans la revue One Earth, les chercheurs de l’université de Naples Federico II en Italie ont utilisé une base de données de 2 754 enregistrements archéologiques des restes de plusieurs espèces vivantes au cours des 2,5 millions d’années passées, y compris Homo habilis, Homo ergaster, Homo erectus, Homo heidelbergensis, Homo neanderthalensis et Homo sapiens. Ces données ont ensuite été recoupées avec un émulateur climatique, qui a modélisé la température, les précipitations et d’autres données météorologiques au cours des 5 derniers millions d’années.

L’objectif était de déterminer la niche climatique de chaque espèce – une série de conditions considérées comme optimales pour la survie ainsi que la répartition de cette niche au fil du temps. Et il s’est avéré que H. erectus, H. heidelbergensis et H. neanderthalensis avaient toutes perdu une partie importante de leur niche climatique juste avant de s’éteindre.

« Les espèces survivent bien quand elles disposent d’une grande surface pour vivre », a expliqué Pasquale Raia, auteur principal de l’étude. « Mais lorsque les zones habitables diminuent et qu’il en résulte de petites parcelles géographiquement isolées les unes des autres, les espèces entrent dans ce que l’on appelle un vortex d’extinction. »

— life_in_a_pixel / Shutterstock.com

Le changement climatique comme principal facteur de la disparition des premières espèces humaines

L’équipe a constaté que la réduction des zones habitables était due à des changements climatiques soudains, avec notamment H. erectus s’étant éteint au cours de la dernière période glaciaire, ayant débuté il y a environ 115 000 ans et constituant la période la plus froide que l’espèce ait jamais connue. Si la compétition avec H. sapiens était également un facteur d’extinction pour les Néandertaliens, les résultats suggéraient que l’effet du changement climatique aurait pu suffire à lui seul à entraîner son extinction.

Selon Raia, « même les espèces capables de contrôler leur environnement local, par exemple en portant des vêtements ou en allumant des feux, étaient sensibles aux effets du changement climatique ».

Toutefois, plusieurs chercheurs estiment qu’un certain manque de données fiables remettrait en question la conclusion selon laquelle le changement climatique constituait le principal facteur ayant entraîné l’extinction de ces espèces.

Comparaison entre un crâne d’Homo heidelbergensis (pré-Néandertalien) et d’Homo sapiens — Procy / Shutterstock.com

« Aucune des espèces que nous connaissons ne s’est jamais éteinte par un seul mécanisme »

« À part les Néandertaliens, il n’existe pratiquement pas de preuves fossiles pour les autres espèces étudiées », a estimé Bernard Wood de l’université George Washington. « Les individus appartenant à ces taxons ont vécu à des moments et dans des lieux qui n’ont pas été échantillonnés par les fossiles existants. De plus, les dates d’apparition et d’extinction d’un taxon constituent souvent des sous-estimations. »

« À mesure que les espèces approchent de l’extinction, quelle qu’en soit la cause – que ce soit la concurrence, la chasse ou les problèmes de reproduction – leur aire de répartition décline nécessairement », a de son côté souligné Corey Bradshaw de l’université Flinders en Australie. « Si l’aire de répartition d’une espèce était déjà en déclin, cela pourrait avoir donné la fausse impression que le créneau climatique l’était également. »

« Aucune des espèces que nous connaissons ne s’est jamais éteinte par un seul mécanisme. Il s’agit toujours d’une combinaison », a poursuivi Bradshaw. « Pour de nombreuses espèces de la mégafaune de la fin du Pléistocène, de nombreux effets d’interaction entre la chasse humaine et le changement climatique ont ainsi été mis en évidence. »

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