Des chercheurs ont réussi à mettre en évidence le rôle de l’hypothalamus dans le vieillissement chez des souris. Mieux, ils sont parvenus à ralentir le processus en jouant artificiellement sur cette partie du cerveau. Des techniques potentiellement applicables à l’homme.


L’hypothalamus au coeur de notre cerveau

Ne vous fiez pas à sa taille. L’hypothalamus pèse environ 4 grammes chez l’homme et n’est pas plus grand qu’une amande. Niché au coeur du cerveau, il a une importance capitale dans de nombreux processus vitaux : reproduction, faim et soif, température corporelle, stimuli nerveux, ou encore émotions… Son état est également corrélé au processus de vieillissement : une étude du Albert Einstein College of Medicine parue en 2013 avait montré que plus l’âge avançait, plus l’hypothalamus avait tendance à subir une inflammation. Mais s’agissait-il d’une cause du vieillissement ou de sa conséquence ?

Cette étude des chercheurs de cette université de New York se penche donc à nouveau sur les relations entre vieillissement et hypothalamus. Ils ont constaté que chez les souris, une diminution des cellules souches produites dans cette région du cerveau précédait l’apparition des signes de vieillesse : le processus débutait dès 10 mois (un âge moyen pour des souris de laboratoires) et se produisait jusqu’à leur mort avec la disparition totale des cellules.

L’hypothalamus, au coeur de notre cerveau. Localisation et région cérébrale.

Protocole expérimental

Les scientifiques ont réparti deux groupes de souris dans la force de l’âge. Le premier était un groupe témoin, sur lequel aucune modification n’avait lieu. Sur les rongeurs du second groupe, les chercheurs ont détruit près de 70 % de ces cellules souches. Avec un résultat sans appel, puisqu’on a pu constater chez ces cobayes une diminution de 8 % de l’espérance de vie, ainsi que d’autres signes de vieillissement qui ne trompent pas, comme la perte de mémoire, d’endurance, ou de capacités de coordination.

Mais réduire la durée de vie n’est pas exactement ce que l’on considère comme une avancée de la médecine… L’équipe a donc voulu procéder dans le sens inverse dans leur seconde expérimentation. Tout en gardant leur groupe témoin, ils ont cette fois-ci injecté des cellules souches saines dans l’hypothalamus des animaux âgés du second groupe. Verdict : cette manipulation réduit bien le rythme de leur vieillissement, ce qui leur permet d’atteindre une durée de vie 10 % supérieure à la normale. Dans certains cas, le traitement a même inversé certains processus du vieillissement !

Une souris de laboratoire

Mécanisme complexe

 » Ce résultat fait la preuve que les effets d’une perte de cellules souches dans l’hypothalamus ne sont pas irréversibles « , s’enthousiasme Dongshei Cai, docteur à l’Albert Einstein College of Medicine.Mais le constat d’un tel phénomène n’équivaut pas à sa compréhension. Si l’on a désormais la preuve que l’hypothalamus joue un rôle prépondérant dans le vieillissement, on ne comprends pas exactement le mécanisme. Les chercheurs ont cependant un suspect : les microARN. Ces courts fragment d’acides ribonucléiques régulent l’expression de certains gènes. Or ceux-ci sont libérés dans le liquide céphalo-rachidien par… l’hypothalamus. Mieux, en répliquant le processus chez les souris, l’équipe a là aussi constaté un allongement de l’espérance de vie. Mais les microARN restent mal connus.

La mise en évidence du rôle de cette partie du cerveau dans le vieillissement, même si celui-ci est encore complexe, est un grand pas vers l’un des plus anciens buts de la médecine : prolonger la durée de la vie humaine. Certes, nous ne sommes pas des souris et le chemin est encore long. Mais cela indique que l’allongement global de l’espérance de vie pourra encore se poursuivre grâce aux innovations et découvertes de la médecine.

Le développement des neurosciences pourrait-il un jour nous permettre d’atteindre un jour l’immortalité ?
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