Aller au contenu principal

« Certains vont perdre des fortunes » : le créateur de ChatGPT alerte sur l’effondrement du marché qu’il a lui-même créé

Alors que la valorisation d’OpenAI frôle les 500 milliards de dollars, Sam Altman tire la sonnette d’alarme : la bulle de l’intelligence artificielle pourrait éclater. Entre prudence et stratégie, que faut-il vraiment comprendre de cet avertissement venu de l’intérieur ?

Sam Altman, PDG d’OpenAI, pensif, à côté d’un smartphone affichant le lancement imminent de GPT-5
Sam Altman face aux enjeux du prochain modèle d’intelligence artificielle GPT-5 développé par OpenAI.

Quand Sam Altman, au sommet de la réussite, annonce lui-même l’arrivée d’une tempête sur le marché de l’IA

Il y a des phrases qui résonnent comme des avertissements sibyllins. Quand Sam Altman, PDG d’OpenAI, affirme que « certains vont perdre des sommes phénoménales », il ne parle pas de science-fiction.

L’homme à la tête de la société derrière ChatGPT, fraîchement valorisée à 500 milliards de dollars, sait que l’argent coule à flots dans un marché encore très jeune. Et pourtant, il avertit : « Les gens font parfois des allocations de capital stupides. »

Le paradoxe est saisissant : le même homme qui met en garde contre la surchauffe du marché est celui qui l’alimente avec des levées de fonds record et des projets pharaoniques, comme un plan d’investissement de 850 milliards de dollars dans des infrastructures liées à l’IA. C’est un peu comme si un capitaine de navire annonçait la tempête tout en hissant davantage de voiles.

Altman, stratège ou Cassandre ? L’équilibriste qui prévient du krach tout en accélérant la course à l’intelligence artificielle

Ce qui pourrait passer pour une contradiction est en réalité une stratégie de long terme. Altman reconnaît les booms et krachs à venir, mais il mise sur une croissance économique sans précédent à long terme. « Sur la durée, cette technologie va tout transformer », dit-il. Une philosophie que Jeff Bezos partage : « L’IA est réelle, et elle va changer chaque industrie. »

En clair, oui, il y aura des perdants, mais aussi des vainqueurs colossaux. Altman semble assumer ce darwinisme économique : une étape nécessaire pour que le marché s’assainisse et que les technologies viables émergent. C’est exactement ce qu’il s’est passé avec la bulle Internet : des centaines d’entreprises disparues, mais Google et Amazon érigés en empires.

Des signes qui ne trompent pas : valorisations folles, projets décevants et les premiers craquements du marché de l’IA

Difficile pourtant de ne pas y voir les symptômes d’une bulle. En six mois, la valorisation d’OpenAI a bondi de 300 à 500 milliards, sans sortie majeure. Pendant ce temps, les échecs s’accumulent : selon une étude du MIT (août 2025), 95 % des projets d’IA en entreprise ne génèrent pas les revenus espérés. On est dans une logique du « winner takes all », où quelques géants captent tout.

Cette surchauffe inquiète les économistes : valorisations déconnectées, capitaux mal alloués, et promesses parfois intenables. Mais pour Altman, mieux vaut une bulle qu’une stagnation. Car sans excès, il n’y a pas d’innovation. Une vision presque schumpétérienne du progrès, où la destruction créatrice est inévitable.

Faut-il craindre ou espérer la bulle ? Pourquoi Altman pense qu’une crise peut aussi être une chance pour l’économie mondiale

Alors, faut-il s’inquiéter ? Oui et non. Oui, car les investisseurs peu aguerris risquent d’y laisser des plumes. Non, car les fondamentaux technologiques sont bien plus solides qu’en 2000. L’IA générative s’impose déjà dans la santé, la création, la recherche et l’industrie.

Altman ne cherche pas à calmer le jeu, mais à redéfinir la règle du jeu : il appelle à investir massivement, non pour alimenter la bulle, mais pour bâtir les infrastructures d’une économie nouvelle. Comme il le dit lui-même : « Le vrai risque, ce n’est pas l’éclatement, mais de ne pas investir assez. »

Reste à savoir si cette vision d’ingénieur-prédicateur tiendra la route quand la réalité financière frappera.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Catégories: ,

Partager cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *