
Lors d’une impressionnante opération archéologique sous-marine, un casque en bronze de type Montefortino a été découvert au large des îles Égades en août dernier. Ce casque, issu de l’époque de la première guerre punique (264–241 av. J.-C.), offre une opportunité exceptionnelle d’explorer l’équipement militaire romain. Bien que repêché il y a plusieurs semaines, l’annonce n’a été rendue publique que récemment.
La bataille des Égades
Ce casque, en excellent état de conservation, est muni de ses protections latérales (paragances) d’origine. Il a été remonté à la surface par une équipe de plongeurs de la Société pour la documentation des sites submergés (Sdss), sous la direction de Mario Arena. L’opération a été coordonnée par la Surintendance de la mer, avec l’appui de la zone marine protégée, de la municipalité de Favignana et de la capitainerie.
La zone où le casque a été trouvé n’est pas anodine puisque c’est précisément là qu’eut lieu, en 241 av. J.-C., la bataille navale des Égades, affrontement décisif qui mit fin à la première guerre punique, opposant Rome à Carthage. Cette bataille a établi la domination de Rome sur la Méditerranée occidentale. Les casques Montefortino, utilisés par les soldats romains entre le IVe siècle av. J.-C. et le Ier siècle apr. J.-C., sont rares, et cette découverte revêt une importance particulière pour l’étude de cette période.
Francesco Paolo Scarpinato, conseiller régional pour le patrimoine culturel et l’identité sicilienne, a qualifié ce casque comme l’un des mieux préservés jamais retrouvés. Il a souligné que cette opération renforce la position de la Sicile en tant que gardienne d’un patrimoine méditerranéen unique et a salué la coopération internationale ayant rendu cette découverte possible.
Archaeologists recovered the "Montefortino"-style helmet in an underwater excavation in the Aegadian Islands off the coast of Sicily. https://t.co/3LaCVqQhiU
— Live Science (@LiveScience) September 8, 2025
Une opération scientifique de grande ampleur
Ce casque s’inscrit dans un projet de recherche sous-marine plus vaste, ayant également permis de mettre au jour une poignée en bronze provenant d’une épave datant du Ve siècle apr. J.-C., connue sous le nom de « naufrage de la banque de poissons ». Cette poignée suscite de nouvelles interrogations sur le commerce maritime et les techniques de navigation dans l’Antiquité. Les artefacts récupérés ont été soumis à des travaux de conservation préliminaires par l’équipe de la Sdss, avec un financement partiel du mécène américain Michel Garcia.
Les chercheurs ont également utilisé des outils modernes pour examiner les artefacts. Dans un centre de radiologie à Trapani, des scanners ont permis de révéler des armes telles que des épées, des lances et des javelots encore incrustés dans les objets métalliques, probablement issus de la même bataille navale de 241 av. J.-C. Ces découvertes, restées cachées pendant des millénaires, illustrent l’importance de combiner archéologie traditionnelle et imagerie scientifique.
La RPM Nautical Foundation, une organisation privée américaine, a également joué un rôle clé dans cette mission grâce à son navire océanographique et ses équipements de pointe. Ces technologies ont permis de cartographier les fonds marins, d’identifier des épaves et de localiser des zones d’intérêt archéologique.
Les fonds marins des Égades regorgent de témoignages historiques couvrant plusieurs siècles. En plus des vestiges militaires, ils révèlent des traces d’échanges commerciaux et d’usages maritimes quotidiens. Par exemple, un rostre naval récupéré précédemment, portant l’inscription « Ser. Solpicius C.F. Quaestor Probavit », pourrait faire référence à un fonctionnaire romain en charge des finances.
Le casque Montefortino
Apparu au IVe siècle av. J.-C., le casque Montefortino s’inspire des designs celtiques et étrusques-italiques. Il s’est imposé comme un élément incontournable de l’équipement militaire romain et a continué à être utilisé jusqu’au Ier siècle apr. J.-C., y compris dans la garde prétorienne.
Ce casque est reconnaissable à sa calotte arrondie ou conique, son protège-nuque saillant et ses joues souvent fixées par des anneaux en D. Les premiers modèles étaient parfois décorés de bordures en corde ou de motifs en forme de pommes de pin. Produit en masse, il est resté pratiquement inchangé pendant des siècles. On estime que plusieurs millions d’exemplaires ont été fabriqués. Les archéologues ont identifié plusieurs sous-types de Montefortino, différenciés par des variations dans leur forme et leurs ornements. Cette diversité illustre l’évolution des besoins militaires et des techniques de fabrication au fil du temps.
Le casque Montefortino récemment découvert se distingue par ses protections de joues intactes, un détail rarement conservé. Ces éléments permettent d’en apprendre davantage sur les techniques de fabrication et les matériaux utilisés dans l’équipement militaire romain. Son état remarquable en fait un candidat idéal pour une future exposition muséale, permettant au public de contempler une pièce authentique de l’armement romain. Par ailleurs, ce couvre-chef militaire retrouvé en Égypte fascine les archéologues du monde entier.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: Arkeonews
Étiquettes: casque, empire romain
Catégories: Actualités, Histoire