Une centaine d’employés de Microsoft exige que l’entreprise annule un contrat de 479 millions de dollars pour la fourniture de casques HoloLens à l’armée américaine. Ces derniers estiment que ce partenariat détourne le travail des concepteurs et des ingénieurs et constitue un affront pour ceux qui s’opposent à la conception des armes de guerre.

 

Une technologie destinée à « accroître la létalité » des armes de guerre

Dans une lettre adressée au directeur général de Microsoft et à son président, Microsoft Workers 4 Good, un collectif d’une centaine d’employés créé à la fin du mois de janvier, exige également que l’entreprise cesse de développer toute technologie d’armement, s’engage à adopter une politique d’utilisation acceptable pour ses produits et nomme un comité d’éthique pour vérifier cet engagement. En novembre dernier, Microsoft et l’armée américaine se sont mis d’accord sur le développement d’une technologie de réalité augmentée basée sur le casque Hololens, destinée à « accroître la létalité en améliorant la capacité à détecter, à décider et à engager le combat avec l’ennemi ».

Annoncé en janvier 2015, le casque HoloLens n’a pas encore été commercialisé. À l’heure actuelle, un kit de développement se vend environ 3 000 dollars et différents rapports datant de l’année de 2018 suggèrent que Microsoft en a vendu environ 50 000. Avec cet important contrat, c’est près de 100 000 casques qui pourraient être acquis par l’armée américaine. Comme le précise la lettre des employés de Microsoft : « Cette technologie militaire basée sur Hololens sera déployée sur le champ de bataille, et transformera la guerre en un jeu vidéo, éloignant davantage les soldats des sinistres enjeux des conflits auxquels ils prennent part et de la réalité des effusions de sang ».

 

Un contrat allant à l’encontre « des valeurs fondamentales de Microsoft »

En novembre, Brad Smith, président de Microsoft, avait défendu la collaboration de l’entreprise avec l’armée, notant que les deux avaient travaillé ensemble pendant plus de 30 ans. « Nous croyons en la défense des États-Unis et nous voulons que ceux qui s’en chargent aient accès à la meilleure technologie possible », avait à l’époque expliqué Smith, en précisant que les employés qui s’opposaient au développement de telles technologies pouvaient être transférés sur d’autres projets ou rejoindre d’autres groupes de travail au sein de l’entreprise. Mais le collectif Microsoft Workers 4 Good a expliqué vendredi dernier que les employés « n’avaient pas été correctement informés de l’utilisation de leur travail ».

La lettre adressée aux deux principaux dirigeants de la firme de Redmond indique en effet clairement que « de nombreux ingénieurs ont contribué au développement de l’HoloLens avant même que ce contrat ne soit évoqué », en supposant qu’il serait appliqué à des domaines aussi divers que l’architecture, la chirurgie, la conception automobile et l’exploration spatiale. Toujours selon le collectif Microsoft Workers 4 Good, « ces ingénieurs ne disposent plus de la liberté de choisir ce sur quoi ils travaillent » et ce nouveau contrat signé avec l’appui des conservateurs va à l’encontre « des valeurs fondamentales de Microsoft ».

Microsoft n’a pas souhaité réagir aux critiques émises par le collectif, et s’est contenté de déclarer que l’entreprise appréciait toujours les retours de ses employés.

© US Navy
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