amputation
Image d’illustration — Pressmaster / Shutterstock.com

Des chercheurs suisses ont mis au point un capteur prometteur pour les personnes amputées du bras. Celui-ci pourrait être intégré à des mains prothétiques afin de permettre à leurs porteurs de ressentir des changements de température ou de matière.

Une technologie prometteuse

Après une amputation, certaines personnes ont la sensation que leur bras ou leur jambe manquant est toujours là. Aujourd’hui connu sous le nom de « syndrome du membre fantôme », ce phénomène avait été décrit dès l’Antiquité. Cependant, il a fallu attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour qu’un chirurgien américain, ayant réalisé de telles procédures chez des soldats blessés lors de la guerre de Sécession, prouve son existence.

Dans le cadre de travaux publiés dans la revue Science, Solaiman Shokur, de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, et ses collègues ont placé un capteur de leur conception sur les membres résiduels de 26 sujets ayant perdu au moins une partie de leur bras dans un accident et indiqué souffrir du syndrome sus-cité.

Suite à l’application de différentes températures (25 °C, 32 °C et 37 °C), dix-sept participants ont déclaré avoir ressenti un changement de température dans leur main fantôme, tandis que quinze d’entre eux ont été en mesure de les différencier. « Notre hypothèse est qu’après l’amputation, les nerfs cutanés continuent à se développer », explique Shokur. « En les ciblant précisément, nous produisons cette sensation thermique fantôme. »

Si la raison pour laquelle seuls 17 des participants ont perçu un changement de température demeure obscure, l’équipe note que la majorité des neuf sujets restants avaient subi de graves brûlures, ayant amoindri drastiquement leur sensibilité cutanée.

Différencier plusieurs matériaux

Le second volet de l’expérience a consisté à appliquer le capteur sur du cuivre, du verre et du plastique. Le dispositif a été connecté aux bras résiduels de neuf des participants ayant rapporté une sensation thermique fantôme, qui avaient les yeux bandés.

Celui-ci s’est refroidi à la même vitesse que la peau de nos mains au contact de ces différents matériaux. Les participants ont pu les identifier avec une précision de 66 %, contre 67 % lorsqu’ils utilisaient leur main intacte.

À terme, une telle technologie pourrait être intégrée aux doigts des prothèses de main, afin de réduire le risque de brûlure et de reproduire un sens du toucher plus naturel. « Un des sujets m’a dit qu’il adorerait porter un tel dispositif, pour sentir la chaleur de la main de son enfant lorsqu’il la tient », conclut Shokur.

S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments