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Un cancer progresse rapidement chez les jeunes, une piste enfin identifiée

Le cancer colorectal fait partie des cancers les plus fréquents en France, avec 47 000 nouveaux cas chaque année

cancer colorectal
— Anatomy Image / Shutterstock.com

Depuis quelques années, les médecins et chercheurs observent une augmentation préoccupante des cas de cancer colorectal chez les jeunes adultes, une maladie auparavant plus fréquente chez les personnes âgées. Désormais, ce type de cancer menace de devenir la principale cause de mortalité liée au cancer chez les moins de 50 ans. Une étude récemment publiée dans Nature a révélé qu’une toxine bactérienne appelée colibactine pourrait être l’une des causes possibles de cette tendance.

Une signature génétique révélatrice

Des chercheurs ont examiné des échantillons tumoraux provenant de 981 patients atteints de cancer colorectal, répartis dans 11 pays. En étudiant les mutations génétiques associées aux tumeurs, ils ont constaté que, dans plus de la moitié des cas survenus chez les jeunes adultes, le schéma des altérations de l’ADN correspondait aux effets typiques de la colibactine. Cette toxine est produite par certaines souches d’Escherichia coli (E. coli), des bactéries naturellement présentes dans notre intestin.

L’un des auteurs de l’étude, le biologiste Ludmil Alexandrov de l’université de Californie à San Diego, explique que les mutations laissées par la colibactine agissent comme une sorte d’archive historique dans le génome, révélant que l’exposition à la colibactine durant l’enfance pourrait jouer un rôle dans l’apparition précoce de la maladie.

Une exposition précoce aux bactéries suspectée

L’origine exacte de cette exposition reste floue, mais les chercheurs estiment qu’elle aurait lieu dans les dix premières années de la vie. L’un des scénarios possibles est celui des infections intestinales infantiles, au cours desquelles des souches d’E. coli produisent de la colibactine, qui endommage l’ADN intestinal. Cet ADN altéré pourrait ensuite favoriser le développement de cancers, bien après la disparition de la toxine.

Les données montrent que les mutations attribuables à la colibactine sont 3,3 fois plus fréquentes chez les personnes diagnostiquées avant 40 ans que chez celles de plus de 70 ans. Chez les patients plus âgés, les altérations génétiques semblent davantage liées au vieillissement naturel. 

En d’autres termes, si une mutation déclencheuse du cancer est acquise très tôt dans la vie, le développement de la maladie pourrait être avancé de plusieurs décennies. « Si une mutation clé survient avant l’âge de 10 ans, cela peut avancer le développement du cancer colorectal de plusieurs décennies, le faisant apparaître vers 40 ans au lieu de 60 », ajoute Alexandrov.

Les autres facteurs en cause

Jusqu’à présent, l’augmentation des cancers colorectaux chez les jeunes a été largement attribuée à des facteurs liés au mode de vie, tels que les aliments ultra-transformés, la consommation excessive de boissons sucrées ou alcoolisées, la sédentarité, etc. Cette nouvelle recherche suggère que des éléments liés à l’environnement ou au mode de vie, dès les premières années de vie, pourraient également contribuer à poser les bases de la maladie.

Cependant, d’autres études seront nécessaires pour confirmer ces hypothèses. Malheureusement, les récentes réductions budgétaires dans le domaine de la recherche scientifique, notamment aux États-Unis, compliquent l’approfondissement de ces travaux.

Les chercheurs souhaitent également explorer dans quelle mesure il serait possible de protéger les organismes des effets de la colibactine ou d’analyser les variations des facteurs de risque entre différents pays. Le chercheur Marcos Díaz-Gay, du Centre national espagnol de recherche sur le cancer, souligne que les causes de l’exposition à la colibactine pourraient varier d’un pays à l’autre. Cela pourrait permettre de développer des stratégies de prévention adaptées à chaque zone géographique. 

Par ailleurs, cette étude alarmante démontre que la consommation de viande augmente le risque de cancer colorectal.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Science Alert

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