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Apollo 11 : à qui appartient le “caca lunaire” ?

Découvrez pourquoi il faut aller le chercher

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— © Neil Armstrong / Nasa.gov

De 1969 à 1972, les astronautes américains des missions Apollo ont abandonné sur la Lune près de 96 sacs remplis d’excréments humains. Ces sacs sont restés sur la surface lunaire pendant près de 50 ans, exposés aux rayons cosmiques, aux températures extrêmes et au vide spatial. Quel est l’intérêt scientifique de ces sacs et qui en possède légalement la propriété ? L’exploration de ces questions nous conduit dans le domaine de l’astrobiologie, de la survie de micro-organismes dans des conditions extrêmes, et même du droit international de l’espace.

Une ressource scientifique inattendue

Les astronautes ont déposé ces sacs d’excréments sur la Lune pour des raisons pratiques : gagner de l’espace pour rapporter des échantillons lunaires. Cependant, ces déchets peuvent être une source précieuse pour les astrobiologistes. Contenant à l’origine des micro-organismes et des virus, l’étude de ces sacs pourrait montrer si la vie est capable de survivre dans l’environnement hostile de la Lune. Cette exploration pourrait fournir des réponses cruciales concernant la résistance de la vie hors de la Terre et potentiellement influencer nos stratégies en matière d’exploration spatiale.

En effet, les sacs d’excréments représentent une expérience naturelle qui permet d’observer les effets du milieu lunaire sur la matière organique. Les scientifiques pourraient examiner les possibles mutations génétiques, les adaptations physiologiques ou les interactions symbiotiques des micro-organismes présents dans les sacs. Ils pourraient aussi vérifier si ces micro-organismes ont pu contaminer le sol lunaire ou interagir avec d’autres formes de vie potentielles. Ces informations pourraient aider à comprendre les origines et les limites de la vie, ainsi qu’à éviter les risques de contamination planétaire lors des futures missions spatiales.

La résilience de la vie dans l’espace

Bien que la Lune soit privée d’une atmosphère protectrice comme celle de la Terre, des découvertes antérieures montrent que la vie peut être étonnamment résistante. Une étude japonaise de 2020 a révélé que des bactéries desséchées ont survécu trois ans à l’extérieur de la Station spatiale internationale. En 2017, des cosmonautes russes ont également trouvé des micro-organismes vivants à l’extérieur de l’ISS, supportant des températures extrêmes. Ces découvertes rappellent que nous ne devons pas rejeter l’idée que la vie puisse résister, même dans les conditions les plus rigoureuses.

Cependant, il n’est pas sûr que les micro-organismes contenus dans les sacs d’excréments aient pu survivre sur la Lune. Certains facteurs, comme le rayonnement solaire ou le manque d’eau, pourraient avoir eu raison de leur vitalité. De plus, il se pourrait que les sacs aient été endommagés par des impacts de micrométéorites ou par le dégazage du sol lunaire. Il faudrait donc envoyer une mission spécifique pour récupérer ces sacs et les analyser en laboratoire. Ce projet n’est pas encore à l’ordre du jour, mais il suscite déjà l’intérêt de certains chercheurs.

lune

Questions de propriété et réglementations internationales

Selon le traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967, les États-Unis sont les propriétaires légaux des objets laissés sur la Lune par les missions Apollo, y compris les sacs d’excréments. Cependant, la Lune elle-même est définie comme un “patrimoine commun de l’humanité”. Ce flou juridique soulève des questions intéressantes, notamment en ce qui concerne la gestion de ces déchets spatiaux. Actuellement, il n’existe pas de cadre réglementaire spécifique pour la gestion de ce type de débris, une lacune qui doit être comblée pour assurer une exploration spatiale responsable à l’avenir.

En effet, les déchets spatiaux peuvent représenter un danger pour la sécurité et la durabilité des activités spatiales. Ils peuvent provoquer des collisions, des interférences ou des pollutions. Ils peuvent également avoir des impacts environnementaux ou culturels sur les sites d’intérêt scientifique ou historique. Il est donc nécessaire de mettre en place des mesures de prévention, de réduction et de contrôle des déchets spatiaux, en respectant les principes du droit international.

Plusieurs initiatives ont été lancées dans ce sens, comme le code de conduite européen pour la mitigation des débris spatiaux ou les lignes directrices de l’ONU sur la durabilité à long terme des activités spatiales. Toutefois, ces documents ne sont pas juridiquement contraignants et leur mise en œuvre dépend de la volonté des États et des acteurs spatiaux.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: IFL Science

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