Pendant près d’un siècle, l’hôpital psychiatrique de Byberry (Philadelphia State Hospital) a reçu des centaines de milliers de patients dans des conditions horribles. Le personnel, en sous-effectif, était exploité, les patients, en surnombre, étaient maltraités. Voici l’histoire de Byberry, digne des plus sombres films d’horreur.
Byberry Mental Hospital : de l’asile à l’enfer
L’histoire de l’hôpital psychiatrique de Byberry débute à l’aube des années 1900. Ce qui était un petit hôpital avec quelques dizaines de patients devint rapidement un des plus gros asiles psychiatriques de Pennsylvanie, soulageant au passage les autres centres de cet État. Mais cet accroissement rapide, son manque d’employés qualifiés et le nombre de patients augmentant ont fait de Byberry un des pires endroits sur terre. Certains comparaient même Byberry aux camps de concentration.
Dans les années 1900, le Byberry Mental Hospital suivait la théorie de Benjamin Rush. Cette théorie disait que les personnes atteintes de maladies mentales pouvaient être soignées, avec un traitement adéquat. Seulement, les patients devaient rester éloignés du reste du monde. Durant cette période, les cas de meurtre n’étaient pas anodins à Byberry. En effet, en 1919, deux aides-soignants ont étranglé un patient « jusqu’à ce que les yeux lui sortent de la tête ». Ces derniers n’ont pas été renvoyés. Il arrivait aussi que des patients s’entretuent. En 1936, Byberry fut rebaptisé Philadelphia State Hospital, et les conditions commencèrent à se dégrader. En effet, des allégations concernant des traitements inhumains commencèrent à se faire entendre, ainsi que des premiers témoignages dénonçant l’enfer de Byberry. Entre 1945 et 1946, toute l’attention des USA se tourna vers l’hôpital de Byberry.
La honte des hôpitaux psychiatriques aux USA
La dénonciation de la situation précaire des patients et du personnel a été en partie due aux objecteurs de conscience, dont Charlie Lord. Ces derniers, refusant de partir à la guerre, avaient été envoyés dans différents hôpitaux psychiatriques des États-Unis pour y travailler. Charlie Lord se trouvait donc à Byberry. Il prit secrètement 36 photos prouvant les conditions exécrables de l’hôpital. A cette époque, Byberry compte pas moins de 50 bâtiments, avec une aile pour les hommes, une autre pour les femmes, une buanderie, une chapelle, etc.
Seulement, l’asile était dans l’incapacité d’accueillir tous les patients qui, pourtant, étaient bien présents entre les murs de Byberry. Les photos de Charlie Lord présentent des bâtiments vétustes, surchargés, avec des patients nus dans les couloirs ou des salles vides, des excréments recouvrant le sol, etc. Ces photos sont portées à l’attention de la première dame, Eleanor Roosevelt, qui promit de soutenir les réformes dans les hôpitaux psychiatriques. Puis, le Life publie un article, le Philadelphia Record décrit la tristement célèbre « cure à l’eau » dans un autre, dont voici un extrait :
« [Un préposé] a trempé une grande serviette dans l’eau. Après l’avoir essorée, il a serré la serviette autour du cou du patient. (…) Puis il tourna lentement la serviette pour faire savoir au patient ce qui l’attendait. Le patient implorait la miséricorde. Mais la torsion a continué. Les yeux du patient se gonflaient, sa langue se gonflait, sa respiration était laborieuse. Enfin, son corps retomba sur le lit. Son visage était d’une blancheur épouvantable et il ne semblait pas respirer. Quinze minutes s’écoulèrent avant qu’il ne montre des signes de retour à la vie. Le patient était ‘soumis’. »
Des abus durant des années
Néanmoins, les abus du personnel de Byberry sur les patients ne s’arrêtèrent pas. Bien que certains aient eu à cœur de faire leur travail et s’occuper comme il se doit des patients, d’autres devinrent de véritables bourreaux. Dans les années 50, la Smithkline-French Company ouvre un laboratoire à Byberry. Les patients deviennent les sujets d’un traitement expérimental à base de thorazine (un antipsychotique) et d’autres psychotropes. La plupart des patients étaient simplement incapables de comprendre les risques qu’ils encouraient et consentaient simplement à cet essai en tant que volontaires. En effet, Byberry comptait pas moins de 1 800 patients sous la tutelle de l’État, et donc sans famille, qui avaient le profil parfait du cobaye puisqu’il n’y avait aucune personne à contacter en cas de décès au cours des tests. Ainsi, près d’une centaine de patients/cobayes sont décédés à cette période à Byberry.
Dans les années 70, certains membres du personnel sous-utilisaient les analgésiques. Ainsi, un patient s’est fait arracher les dents sans anesthésie. Un autre, suturé une plaie sans calmant. Tout cela parce que certains médecins partaient du principe que les schizophrènes ne ressentaient pas la douleur. Les meurtres, les viols et même les disparitions étaient fréquents à Byberry, et ce, même dans les années 80. En effet, un jardinier retrouva les corps de patients « disparus ». Un des patients avait disparu depuis près de cinq mois, et le personnel de Byberry n’avait simplement pas le temps de le chercher.
Fermeture de l’enfer de Byberry
Bien que les conditions des patients soient connues de tous, que le personnel soit en constant sous-effectif, Byberry ne fut fermé qu’en 1990. De nombreuses allégations faisaient état de la situation déplorable de Byberry, et ce, durant des années. Comme le livre d’Albert Deutsch publié en 1948, recensant les conditions horribles qu’il avait observées lors d’une visite à Byberry :
« En traversant certaines des salles de Byberry, je me suis souvenu des photos des camps de concentration nazis. Je suis entré dans un bâtiment grouillant d’humains nus rassemblés comme du bétail et traités avec moins d’inquiétude, imprégné d’une odeur fétide si lourde, si nauséabonde, que la puanteur semblait avoir presque une existence physique propre. »
Il faudra attendre les années 80, lorsque des représentants de l’État de Philadelphie prirent connaissance du témoignage d’Anna Jennings. Cette dernière était une patiente de Byberry, atteinte de schizophrénie. Elle dit tout à sa mère qui travaillait dans la surveillance de la santé mentale de Philadelphie, ce qui enclencha une enquête sur Byberry, et dévoila les nombreux abus de l’hôpital ainsi que la dissimulation de ces abus. En 1987, une conférence de presse annonça la fermeture de Byberry. Mais l’hôpital ne ferma ses portes que trois ans après, soit en juin 1990.
Par Manon Fraschini, le
Source: All that is interesting
Étiquettes: asile, hopital-psychiatrique, Byberry, torture, philadelphie
Toujours cette comparaison avec les camps de travail du 3 ème reich ! Ras le bol, et l’Holomodor ? et les goulags, et les 100 vrais millions de morts du bolchévisme on en parle ?
On sait que l’URSS a fait pire,mais il est bon de savoir que le pays USA n’est pas si digne.