C’est un projet insolite que mène actuellement une équipe de recherche de l’université du Cap : des étudiants ont prélevé de l’urine dans des urinoirs spéciaux pour en faire des briques de construction ! Une forme inattendue de recyclage qui pourrait aider à la lutte contre le réchauffement climatique… si l’opinion se montre favorable à cette option !

 

DE L’URINE POUR CONSTRUIRE DES BRIQUES

Pourriez-vous construire votre maison à partir de votre urine ? C’est le projet un peu fou sur lequel travaille Dyllon Randall, ingénieur de recherche à l’université du Cap, en Afrique du Sud, avec son équipe. Ces bio-briques pourraient, en plus d’éliminer une forme de déchets humains, aider à lutter contre le réchauffement climatique ! Très abouti, le projet a été présenté dans le Journal of Environmental Chemical Engineering via un article décrivant la procédure pour obtenir l’une de ses briques biologiques.

La première étape a bien sûr été la collecte d’urine. Pour ce faire, l’équipe a utilisé des urinoirs spéciaux qui transforment une grande partie du liquide en engrais solide. Ensuite, le reste de l’urine a été ajouté à du sable, préalablement colonisé par une bactérie qui produit une enzyme appelée uréase. En quatre à six jours, l’uréase réagit avec l’urine pour cimenter le sable et lui donner une forme de brique. Dyllon Randall a déclaré à la BBC que « c’est essentiellement la même façon que le corail est fabriqué dans l’océan ».

Il en résulte alors des briques grises, dures comme la roche. Et c’est un point important : l’opération se déroule à température ambiante. En effet, la fabrication de briques traditionnelles, utilisées communément dans les constructions, nécessite l’utilisation de fours qui produisent des émissions de carbone. Mais ce n’est pas tout : le chercheur assure que les restes d’urine, non utilisés dans le processus de fabrication de briques, peuvent être utilisés pour créer un autre engrais !

© Pixabay

 

QUELQUES DIFFICULTÉS MAJEURES 

Cependant, le projet se confronte à deux difficultés majeures. D’abord, une bio-brique a besoin de 25 à 30 litres d’urine, tandis qu’en moyenne, une personne produit entre 200 et 300 ml d’urine par miction. Des besoins énormes, donc, sachant que la majeure partie de cette urine est utilisée pour produire environ 1 kg d’engrais. Ainsi, pour fabriquer une brique d’urine, il faudrait aller aux toilettes une centaine de fois ! Alors, malheureusement, à moins que l’équipe ne puisse mettre la main sur beaucoup plus d’urine, nous ne trouverons jamais ces bio-briques du futur sur les chantiers de construction.

Ensuite, l’odeur qui se dégage pendant la fabrication. Comme le précise le Dr Randall, « disons que vous avez un animal de compagnie et qu’il a uriné dans un coin, vous avez cette forte odeur : c’est de l’ammoniac qui se dégage. Ce processus produit de l’ammoniac comme sous-produit ». Néanmoins, cet ammoniac est également une aubaine puisqu’il est ensuite transformé en engrais riche en azote ! Passé le stade du dégoût, on peut espérer que ce projet rejoigne la liste des technologies qui vont nous permettre de construire un avenir durable, non ?

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