La baleine bleue, le plus gros mammifère du monde (pesant en moyenne 150 tonnes et pouvant atteindre jusqu’à 30 mètres de longueur), est une espèce protégée en voie de disparition. Selon les informations de l’association Sea Sheperd, une baleine bleue aurait été tuée puis démembrée par un baleinier islandais dans la nuit du 7 juillet. Une première depuis 1978.

LA CHASSE À LA BALEINE CONTINUE MALGRÉ LES INTERDICTIONS

Les images sont désolantes. On y voit cet immense cétacé, sans vie, étendu sur le sol d’une zone portuaire, en attendant d’être démembré et préparé à la consommation. Malheureusement, et ce n’est pas nouveau, la baleine fait l’objet de convoitises depuis des siècles, entre traditions locales et intérêts commerciaux. La chasse à la baleine est ainsi encore pratiquée en Norvège, au Japon et en Islande, malgré l’indignation de la communauté internationale et l’interdiction de la chasse commerciale à la baleine votée en 1982 (entrée en vigueur en 1986) par la majorité des Etats membres de la CBI (Commission baleinière internationale).

Cela n’empêche pas des pays comme le Japon ou la Norvège de continuer la chasse à la baleine en profitant de certaines failles juridiques : en effet, le Japon, sous couvert d’une chasse dite « scientifique », a par exemple capturé 333 baleines de Minke dans l’Antarctique en mars dernier. La chasse à la baleine bleue fut en revanche interdite par la CBI dès les années 1960, et a été plus ou moins respectée par l’ensemble des pays membres. Or la baleine bleue harponnée la semaine dernière par le baleinier islandais Hvalur 8 (rattaché à l’entreprise d’un certain Kristján Loftsson) marque le premier harponnage volontaire d’une baleine bleue recensé depuis 1978.

Une baleine capturée par le navire japonais Yushin Maru en 2008, aux larges des côtes australiennes

Des doutes subsistent quant à la véritable identité du cétacé

Les experts, qui n’ont pas pu s’approcher de près du mammifère, concluent, d’après l’observation des clichés capturés par Hard to Port et relayés par l’association Sea Sheperd, qu’il s’agit bien d’une baleine bleue, et plus précisément d’un jeune mâle. Cependant, ces observations ne semblent pas suffisantes pour pouvoir affirmer qu’il s’agit bien à 100 % d’une baleine bleue. En effet, la possibilité d’hybridation avec une espèce proche, le rorqual commun, rend difficile l’identification du cétacé. Or, bien que l’Islande reconnaisse théoriquement l’interdiction de chasser la baleine bleue, celle-ci n’interdit pas la chasse du rorqual commun, espèce qu’elle ne considère pas comme étant en voie de disparition. Bien entendu, suite au rapport de Sea Sheperd, Loftsson s’est défendu en affirmant qu’il s’agissait d’un rorqual issu d’une hybridation, contournant donc l’interdiction de la CBI. Mais les experts sont quant à eux formels et affirment qu’il s’agit bel et bien d’une baleine bleue.

Comment déterminer donc qui a raison entre les deux partis ? Est-ce simplement une affaire de définition ? Des prélèvements ADN devraient être prochainement effectués sur le cétacé afin de déterminer sa véritable nature à condition que le gouvernement islandais donne son feu vert. Il demeure peu probable qu’il s’agisse d’un hybride, car ces derniers sont très rares, et il n’est pas sûr qu’il en existe encore. Mais quoi qu’il en soit, la chasse à la baleine, quelle que soit son espèce, ne devrait-elle pas être tout simplement interdite dans les pays qui continuent à profiter de ce commerce ancestral ? C’est en tout cas la cause que continue à défendre coûte que coûte des associations telles que Sea Sheperd, en traquant les moindres baleiniers toujours en activité.

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